ENR. En Bretagne, la construction d'un parc éolien offshore continue de faire des émules, au point qu'un comité des pêcheurs a déposé une plainte pénale. Des associations opposées au projet avaient déjà soumis un recours, rejeté en décembre 2020 par le conseil d'Etat.

Il n'a pas dit son dernier mot. Le comité des pêcheurs des Côtes-d'Armor a déposé plainte contre la construction du parc éolien en baie de Saint-Brieuc pour pollution et atteintes à l'environnement, ont annoncé ses avocats. Selon Mes William Bourdon et Vincent Brengarth, c'est "la première [plainte pénale, ndlr] à porter sur l'intégralité du projet". Celle-ci a été déposée le 26 août contre X devant le procureur de la République de Brest.

 

"Atteinte à la conservation des espèces animales"

 

Démarré en mai dernier, le chantier a été confié à la société Ailes Marines, filiale de l'espagnol Iberdrola. Le comité a déposé plainte des chefs de "rejet de substance polluante, d'atteinte à la conservation des espèces animales non domestiques et des habitats naturels et de rejet en mer de substances ou organismes nuisibles pour la conservation des espèces maritimes", selon un communiqué de presse des avocats. Ceux-ci dénoncent l'absence de concertation préalable des associations de protection de l'environnement, l'inachèvement des études d'impact ainsi qu'un manque de suivi des éventuelles nuisances depuis le démarrage du chantier, notamment sur les oiseaux marins, reprochant à Ailes Marines de "détruire, altérer et dégrader la biodiversité".

 

Pour les pêcheurs, "la baie de Saint-Brieuc doit être préservée (...) car la partie sud de la baie est une réserve naturelle nationale classée depuis 1998, et car elle est adjacente au parc Natura 2000 du Cap d'Erquy-Cap Fréhel". Les avocats ont ajouté que le comité "met en exergue une logique de minimisation des conséquences sur la faune et la flore marine de nature à fragiliser leur préservation mais aussi les activités attachées". Ils regrettent "que des considérations économiques aient prévalu sur des enjeux tenant au respect de l'environnement".

 

Déjà deux incidents dans la zone

 

Dans un courrier, le comité, qui représente quelque 800 marins pêcheurs du département, a également demandé au préfet maritime de l'Atlantique d'immobiliser le navire de forage Aeolus, responsable de deux pollutions de fluides hydrauliques les 14 juin et 28 juillet. Suite à cela, plusieurs navires de surveillance avaient été déployés dans la zone. Toujours selon les pêcheurs, l'Aeolus a pu reprendre son activité le 18 août.

 

D'une capacité de 496 MW et 62 éoliennes, le futur parc doit être érigé à 16,3 kilomètres de la côte et devrait être mis en service fin 2023. Le parc produira 1.820 GWh par an, l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 835.000 habitants. Les pêcheurs de Saint-Brieuc ne sont pas les seuls à s'opposer à ce type de projets. Cette énergie propre fait des émules un peu partout en France. Mais du côté du gouvernement, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili avait assuré, lors de la 7e édition des Assises nationales des énergies marines renouvelables en juin dernier, que les parcs éoliens en mer verrait leur développement s'accélérer grâce à "des nouveaux appels d'offres engagés ou en préparation en 2021".

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