SÉCURITÉ. En complément des actions de sensibilisation des pouvoirs publics sur la sécurité routière, l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics lance une campagne nationale de communication auprès des professionnels afin de les alerter sur les accidents de la route. Car de par la nature-même des métiers de la construction, il s'agit évidemment d'un risque "inhérent" à la filière.

L'OPPBTP veut dire stop aux accidents de la route. Le risque routier professionnel est effectivement présenté comme "inhérent" au secteur du bâtiment et des travaux publics, et représente même la deuxième cause d'accidents graves voire mortels dans la filière. À tel point qu'il fait l'objet d'une attention particulière dans le "Plan Santé Travail 4" et dans le "Plan gouvernemental pour la prévention des accidents graves et mortels" présenté en mars dernier par l'exécutif et qui fixe la feuille de route à suivre pour réduire ces accidents au cours des quatre prochaines années.

 

 

En complément de la Semaine de la sécurité routière au travail qui prendra place du 9 au 13 mai prochain, l'organisme de prévention a donc décidé de lancer une nouvelle campagne de communication pour informer et sensibiliser les professionnels du BTP, les accompagner dans l'évaluation des risques routiers auxquels ils sont confrontés et les aider à élaborer des plans d'actions. Le tout avec un objectif audacieux : atteindre le "zéro risque routier" dans le secteur de la construction.

 

Des risques sur tous les trajets

 

Un challenge puisque "la route fait partie du métier", que les engins utilisés "ne sont pas les véhicules de tout le monde" et que les salariés interviennent très souvent sur la voie publique. "Le zéro accident routier dans le BTP peut sembler ambitieux mais il n'y a pas d'autre objectif acceptable", lance toutefois le secrétaire général de l'OPPBTP, Paul Duphil. "On distingue le risque trajet, survenant au cours du trajet domicile-travail ou entre le lieu de travail et le lieu de restauration, du risque mission, survenant à l'occasion d'un déplacement nécessaire à l'exécution du travail", explique-t-il.

 

"Avec une grande diversité de véhicules (poids lourds, utilitaires, avec ou sans remorque...) et des spécificités propres aux métiers, tels que les déplacements de longue distance, le chargement du véhicule, l'arrimage des charges ou encore la signalisation temporaire sur les chantiers, le risque routier est particulièrement présent dans le secteur du BTP", poursuit le responsable. Et il n'épargne de fait personne : toutes les tailles d'entreprises, dans tous les segments d'activité et à tous les niveaux hiérarchiques, y sont confrontés.

 

Un peu moins de la moitié des accidents mortels du BTP sont dus aux accidents de la route

 

"Nous étions jusqu'en 2019 le 2e secteur le plus performant, donc globalement le BTP est très sensibilisé aux risques et est plutôt bien mobilisé sur le sujet, mais il reste évidemment confronté à la sinistralité sur la route. Cette sinistralité est d'ailleurs surreprésentée chez les jeunes salariés et apprentis", complète Paul Duphil.

 

En 2019, le risque routier a causé 51 décès, dont 12 en mission et 39 accidents de trajet, ce qui représente 44% de l'ensemble des accidents mortels qui ont été recensés dans le BTP cette année-là. De même, si la construction ne comptabilise que 6% des accidents de trajet tous secteurs confondus, elle concentre tout de même 14% des accidents de trajet mortels, d'après la Cnam (Caisse nationale d'assurance-maladie).

 

Des chiffres jugés encore trop élevés et qui motivent donc l'ensemble des acteurs à poursuivre la mobilisation : le ministère du Travail, la Délégation interministérielle à la sécurité routière (DISR) et la Cnam ont déjà mené des actions en la matière, mais le chemin de l'information et de la sensibilisation est encore long pour supprimer ce fléau.

 

C'est en partant de ce principe que la DISR soutient l'OPPBTP dans le lancement de sa campagne nationale, à l'image d'autres institutionnels et des partenaires de l'organisme : la Direction générale du travail, l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité), les organisations professionnelles d'employeurs et de salariés, les Services interentreprises de santé au travail du BTP (SIST-BTP), le groupe SMA BTP, Pro BTP et la Fondation du BTP.

 

Tests d'auto-évaluation de conduite

 

 

La campagne en question comprendra trois grands volets : un volet publicitaire, un volet d'information et de sensibilisation, et un volet de terrain auprès des entreprises. Une lettre postale axée sur la prévention sera d'abord envoyée à toutes les entreprises du BTP courant mai. "Pour le volet publicitaire, nous avons réalisé 10 affiches déclinées autour d'un flash attirant l'attention sur le zéro risque routier, avec des situations précises comme l'état de fatigue, le port de la ceinture, le respect des limitations de vitesse, les angles morts, les chargements...", détaille Paul Duphil.

 

Des vidéos pédagogiques, un site Internet dédié proposant de la documentation (mémentos, questions/réponses, ouvrages...) et des tests d'auto-évaluation de conduite, ainsi que 12 webinaires (sur des sujets généraux et techniques, pour les chefs d'entreprises comme pour les salariés) seront également présentés aux professionnels. Des bannières, logos, autocollants et objets dérivés feront aussi partie du kit de communication. Le dispositif prévoit en outre de l'achat publicitaire sur Google et des actions de communication sur les réseaux sociaux.

 

Accompagnement

 

Concernant le volet terrain, "nous sommes en train de contacter 1.300 entreprises représentatives de la diversité des métiers de la filière, avec une surpondération des métiers les plus exposés, pour évaluer leur niveau de prévention du risque et réaliser un diagnostic ciblé", annonce le secrétaire général de l'OPPBTP. "Nous en tirerons un baromètre de la prise en compte du risque routier dans le BTP qui nous permettra de préparer un plan d'actions." Un accompagnement en présentiel sera par la suite proposé à environ 200 entreprises dont les besoins auront été jugés comme étant les plus importants.

 

"En matière d'accidentologie, nous avons progressé significativement au cours des 20 dernières années. Mais depuis quelques années nous stagnons, et pourtant il faut dire les choses : il n'est pas acceptable qu'un professionnel décède dans l'exercice de son travail", a conclu Laurent Pietraszewski, secrétaire d'État chargé des Retraites et de la Santé au travail. Et d'ajouter, comme un encouragement adressé à la filière : "Le BTP est déjà exemplaire dans ce qu'il faut faire en matière d'action sur le terrain".

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