Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan estime que le logement est un aspect trop souvent négligé du développement économique et social.

L'ONU a appelé mercredi les gouvernements à améliorer rapidement le sort des centaines de millions de mal-logés qui s'entassent dans les grandes métropoles du monde, une des plaies de l'urbanisation croissante de la planète.

"Le logement est souvent un aspect négligé du développement économique et social", a dit le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan en ouvrant une session spéciale de l'Assemblée générale consacrée aux problèmes des grandes métropoles."Notre défi lors de cette session spéciale est de créer un élan durable pour agir sur les questions du logement", a-t-il affirmé.Il s'adressait aux ministres représentant les 189 Etats membres réunis à l'ONU pour faire le point des progrès accomplis --mais aussi des obstacles persistants-- depuis la conférence sur l'Habitat en 1996 à Istanbul, en Turquie.
Cette conférence s'était fixée l'objectif d'un "logement convenable pour tous", un objectif aujourd'hui loin d'être atteint et qui continue à être
controversé.

Un gros travail reste à faire


"Si cette session marche bien, vous vous mettrez d'accord sur les mesures à mettre en oeuvre" pour permettre d'améliorer les conditions de vie d'au moins 100 millions de citadins d'ici à 2020, un objectif fixé par le Sommet du millénaire, en septembre dernier, a dit M. Annan.
Au total, selon l'ONU, environ 1 milliard de personnes vivent dans des
taudis ou occupent illégalement leur logement, le plus souvent dans les
bidonvilles des mégapoles du tiers-monde.
Près de la moitié des six milliards d'habitants de la planète vivent déjà
dans des villes, un phénomène qui doit s'amplifier dans les prochaines années dans les pays en développement.

Les deux-tiers des villes des pays pauvres sans système de traitement des eaux


D'ores et déjà, sur les dix-neuf métropoles de plus de 10 millions
d'habitants, quinze sont situées en Asie, Afrique et Amérique latine et
centrale. Lagos, la capitale économique du Nigeria, doit par exemple voir sa population pratiquement tripler entre 1990 et 2010 pour devenir à cette date la troisième métropole du monde avec 20,2 millions d'habitants.
"Aujourd'hui, les zones urbaines sont devenues les principales forces du développement et de la mondialisation", a souligné M. Annan.
Mais les villes des pays pauvres n'ont pas les moyens de fournir les
services de base et les logements pour faire face à cet afflux massif de
population à la recherche d'emplois, comme à Guayaquil, en Equateur, où 49% des habitants sont des squatters.
"Avec ce mouvement vers les villes, les inégalités et les maux de la
société deviennent aussi de plus en plus urbains",
souligne ainsi Kofi Annan.
Il relève par exemple que les deux-tiers des villes des pays pauvres n'ont
pas de système de traitement des eaux usagées, et que 75% des ordures sont entreposées à ciel ouvert.

Urbanisation de la pauvreté

Ainsi, selon un document de l'ONU, "l'urbanisation de la pauvreté est un phénomène croissant: entre un quart et un tiers des foyers urbains dans le monde vivent dans une pauvreté absolue".
Le secrétaire général souligne que le développement des villes s'accompagne d'une division croissante entre riches et pauvres, symbolisée par les bidonvilles qui côtoient les gratte-ciels ou une consommation ostentatoire à côté de pyramides de déchets, ou encore un écart grandissant entre le coût des logements et les salaires.
Pour remédier à ces maux, Kofi Annan recommande de développer les
partenariats (public-privé, autorités locales, société civile), d'améliorer la
gouvernance des villes, de renforcer le rôle des femmes, et de réduire la
précarité.

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