PAUVRETÉ. Au moins 3,5 millions de ménages modestes connaissent des difficultés à payer leurs factures d'énergie en France, indique l'analyse 2020 de l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), qui anticipe une aggravation de la situation sous l'effet de la crise sanitaire et sociale.

En 2019, la précarité énergétique a affecté 11,9% des Français et 30% des plus pauvres, selon le bilan annuel DE L'ONPE, qui fait l'exercice depuis 2011 et la loi Grenelle 2. L'observatoire combine plusieurs éléments dont le taux d'effort énergétique (la part des dépenses d'énergie dans le revenu du ménage, la précarité étant actée quand ce poste atteint 8%).

 

Le résultat 2019 est un peu meilleur que celui de 2018 (12,1%) du fait de températures hivernales plutôt douces, "mais cela ne préjuge pas de la situation des plus pauvres", prévient l'observatoire. La baisse de la consommation d'énergie par habitation liée à l'amélioration des équipements de chauffage et performances de certains logements, se ressent. Mais la hausse du prix de l'énergie et la stagnation du pouvoir d'achat laissent entrevoir des années difficiles, notent ces experts, qui évoquent aussi la diminution des aides financières (chèques énergie notamment).

 

Augmentation des impayés

 

Les auteurs "s'inquiètent" de l'augmentation du nombre de ménages ayant souffert du froid l'hiver dernier, en particulier les 18-34 ans. Il faut "trouver des modes d'intervention plus adaptés à ces situations afin d'amortir cette crise économique et sanitaire qui fragilise d'abord les populations les plus précaires et risque de les faire basculer dans des situations de grande pauvreté", a appelé Arnaud Leroy, président de l'ONPE et de l'Ademe.

 

Le nombre de ménages rencontrant des difficultés de paiement de l'énergie a augmenté, passant de 10% en 2013 à 18% en 2020, avec une hausse des interventions pour coupures, note aussi l'ONPE, qui cite le baromètre Info-Energie 2020 du Médiateur national de l'énergie. En 2019, 671.546 ménages ont vu l'intervention d'un fournisseur d'énergie pour cause d'impayés (+17% par rapport à 2018).

 

Pour 2020 et 2021, les mesures de confinement ont eu des conséquences encore plus importantes pour les foyers en précarité énergétique, ajoute le bilan. La suspension de paiement des factures durant une trêve hivernale rallongée "laisse craindre une explosion des impayés et demandes d'aides aux services sociaux". Quant au confinement, il a favorisé la cohabitation contrainte dans des logements inconfortables, tandis que les travaux d'amélioration des logements étaient freinés.

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