WEBINAIRE. Le Conseil national de l'Ordre des architectes fait le point, dans une conférence en ligne, sur le dispositif Mon accompagnateur rénov', ouvert aux architectes à compter du 1er juillet pour de premières missions en septembre prochain.

Calendrier, formalités, compétences requises… le dispositif Mon accompagnateur rénov', qui a vocation à devenir central dans la politique de rénovation énergétique des logements, suscite encore de nombreuses questions, auxquelles s'attache à répondre le Conseil de l'Ordre des architectes, dans un webinaire enregistré en avril et disponible en ligne.

 

Ce nouveau rôle, dont les contours ont été imaginés dans le rapport Sichel rendu en mars 2021, a été introduit formellement dans le cadre de la loi Climat et résilience promulguée en août de la même année. Faire appel à ce type d'acteurs deviendra obligatoire à compter du 1er septembre prochain lorsque le scénario de travaux respectera une double condition : avoir recours à plus de 10.000 euros d'aides MaPrimeRénov' et opérer au minimum deux gestes de travaux. Plusieurs règles ont été introduites par les pouvoirs publics afin de garantir la neutralité du professionnel qui effectuera cette tâche. L'accompagnateur rénov' (AR) aura pour mission d'accompagner un ménage tout au long de l'opération.

 

 

Les architectes, candidats naturels

 

Les architectes sont parmi les candidats les plus naturels au poste d'AR, comme l'a récemment rappelé Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l'Anah, dans nos colonnes. "Nous espérons que beaucoup de professionnels, architectes, bureaux d'études, s'impliqueront. Nous sommes optimistes, car il existe une vraie dynamique dans le domaine de la rénovation énergétique". La plateforme de dépôt des demandes d'agréments sera disponible à partir du 1er juillet sur le portail France rénov' pour les architectes. C'est l'Agence nationale de l'habitat (Anah) qui délivrera les agréments.

 

Les missions de l'Accompagnateur rénov' sont différentes de mandataire de l'aide, explique Simon Corteville, chargé de mission à l'Anah. Elles sont beaucoup plus larges : en fait, "l'accompagnateur rénov' gère tout" : il est "auprès du ménage pour toutes les thématiques techniques, administratives et financières". Le tout, "de manière indépendante", rappelle-t-il.

 

Missions et compétences requises

 

Les principales missions de l'AR, détaillées dans l'arrêté du 21 décembre 2022, sont en premier lieu l'audit énergétique et le diagnostic de la situation du ménage et de l'état du logement (hors énergie). Ensuite viennent aide à la recherche d'entreprise, le plan de financement, le montage des dossiers d'aides, le suivi des travaux, et l'aide à la réception. Enfin, ne pas oublier l'aide à la prise en main," qui inclut le fait de remplir le Carnet d'information logement, devenu obligatoire", rappellent les intervenants, architectes membres du Conseil de l'Ordre.

 

S'il n'existe pas d'obligation de formation pour devenir AR, il faut pouvoir justifier de compétences en lien avec toutes ces missions. A ce titre, le demandeur devra démontrer l'existence d'un plan de formation interne à la structure, fournir des références, et présenter une proposition de méthodologie d'accompagnement. Les obligations seront progressivement renforcées, "à mesure de la montée en puissance du dispositif et du nombre d'AR", expliquent les intervenants.

 

L'audit énergétique, pierre angulaire du dispositif

 

L'audit énergétique, première étape de l'accompagnement, est aussi l'élément principal du dispositif. Il est la seule mission qui peut être sous-traitée, et représente une charge de 7 à 9h de travail, précise le Cnoa. Plusieurs formations spécifiques existent, dont certaines proposées par le Cnoa. D'autres organismes en proposent : d'une durée et d'une qualité variable, ils nécessitent de se renseigner avant de s'engager, conseillent les intervenants.

 

D'autres formations permettent, plus largement, aux architectes de rattraper leurs lacunes sur les sujets techniques, dont "ils se sont beaucoup éloignés, en délégant aux bureaux d'études", fait savoir Delphine Dézobry, qui propose un retour d'expérience. Cela constitue un frein à leur efficacité sur ces enjeux, qui peut heureusement être surmonté.

 

Le modèle économique de cette mission reste à trouver

 

Parmi les autres obstacles qui attendent les architectes sur la voie d'un accompagnement performant : des outils de conception numérique inadaptés, tandis que les logiciels des bureaux techniques sont trop complexes. Enfin, et pas des moindres, le modèle économique, qui "reste à trouver" sur ces missions : "les honoraires proportionnels au montant global ne sont pas assez suffisants au regard du temps passé", estime Delphine Dézobry.

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