Mardi 2 décembre, Gilles de Robien a remis ce prix prestigieux à ce "paysagiste et urbaniste" de talent à qui l'on doit notamment les aménagement de la Cité internationale de Lyon ou du site de la Plaine Saint-Denis.

Celui qui dit avoir «acquis la conviction que la connaissance et la pratique sur le paysage et, notamment sur la "campagne", peuvent être utiles à la réflexion et aux projets sur le territoire de la ville contemporaine, c'est-à-dire sur la périphérie, sur la suburbanité» a reçu, mardi soir, le Grand Prix de l’Urbanisme 2003. Ce prix récompense chaque année une personnalité reconnue par ses pairs. Décerné par un jury international, il valorise l'action des professionnels auxquels revient la charge complexe de contribuer à fabriquer au quotidien la ville. Il est aussi l’occasion de débattre sur l'urbanisme, et de mettre en évidence des pistes de réflexion pour l’avenir de la ville.

Par son travail et son enseignement, Michel Corajoud a contribué au débat sur les rapports dialectiques entre l'urbanisme, la géographie et la nature.

Par ailleurs, la paysagiste français s’est imposé par ses recherches sur la ville contemporaine comme espace vécu, habité et investi par le fait naturel, d’ou son intérêt pour les territoires « limites », à la frontière de la ville et de la campagne, ou se jouent « les projets de réconciliation » de demain.

Le parcours intellectuel de ce natif d'Annecy en 1937 débute à l’Ecole des Arts Décoratifs, des années de formation qui se doublent d’une expérience de trois ans chez Bernard Rousseau, architecte d’intérieur, ancien collaborateur de Le Corbusier. Il entre ensuite au sein de l’Atelier d’Architecture et d’Urbanisme, société civile coopérative où cohabitent architectes, urbanistes, décorateurs et ingénieurs. C’est à ce moment que M. Corajoud acquiert la certitude que la « ville et l’architecture seraient au centre de mes préoccupations ». La création d’une ville « ex nihilo » à Kourou en Guyanne constitue à ce moment là une expérience limite, selon le spropres termes du paysagiste.

Quelques mois plus tard, c’est le quartier de l’Arlequin à la Villeneuve de Grenoble qui occupe le jeune urbaniste qu’est encore M. Corajoud, une fois la page de l’ A.U.A. Même si les jugements actuels sur ce projet en font un exemple d’échec d’une utopie aux bonnes intentions, l’urbaniste se souvient n’avoir « jamais plus connu une telle intensité, une telle complémentarité de réflexion ».

Après l’échec du Concours d’Evry, concrètement et intellectuellement si l’on en croit les propos du paysagiste, s’amorce une époque occupée principalement par l’étude, l’écriture, l’enseignement et un voyage en Afrique.

Le début des années 80 est marqué par le projet du Parc du Sausset, dans lequel M. Corajoud dit avoir découvert que « la difficulté d’un projet sur l’espace… est le plus souvent » de ne pas y mettre trop de choses. L’espace devient pour le paysagiste un lieu de la connaissance de l’histoire et de la géographie.

Toujours très occupé par l’enseignement, M. Corajoud attend le début des années 90 pour entrer dans la phase la plus active de son parcours.

Deux espaces publics réalisés retiennent son attention, la couverture de l’Autoroute A1 en Seine Saint Denis et le Parc de Gerland à Lyon. Toujours à lyon, l’aménagement de la Cité Internationale au bord du Rhône avec l’architecte Renzo Piano, commencé en 1986, se poursuit actuellemnt, encore marquée par l’attention accordée au contexte historique et géographique.

Enfin, le projet Urbain de la Pleine Saint denis, entamé en 1993, ainsi que celui de la ville nouvelle de l’Isle d’Abeau viennent couronner dix années riches en réalisations. M. Corajoud Travaille en ce moment sur les Quais de la Garonne à Bordeaux et enseigne en 3ème cycle à l’Institut d’architecture de Genève.

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