Michel Ceyrac, président du groupe 3F, premier constructeur de logements sociaux en France, estime que l'insécurité dans les quartiers HLM difficiles n'est pas une fatalité, si tout les intervenants - des élus aux architectes en passant par les offices HLM - veulent bien s'en donner la peine.

Que proposez vous pour réduire l'insécurité et rassurer les habitants dans les quartiers difficiles ?

Depuis plusieurs années, nous nous attelons à trouver des solutions pour combattre ce sentiment d'insécurité et tenter de réduire les agressions et les actes d'incivilité.
Selon nous, la solution la plus efficace est la présence d'équipes de médiateurs sociaux, qui sillonnent les quartiers réputés difficiles, en jouant un rôle d'encadrement et d'éducation. Le bilan n'est pas encore quantifiable mais les résultats sont encourageants.
Ces médiateurs sont des salariés de 3F, souvent eux-mêmes issus de la cité, formés par nos soins et recrutés grâce aux emplois jeunes. Malheureusement nous ne pouvons généraliser ces équipes, car cela coûte cher. Actuellement, nous avons une quarantaine de salariés 3F sur le terrain.

Au niveau de l'urbanisme et de l'architecture, quelles sont les améliorations à réaliser?

Les cités construites dans les années 60 et 70 ont été réalisées pour loger le maximum d'habitants sans se soucier de leur bien-être et sans aucune préoccupation de sécurité.
Aujourd'hui, nous ne construisons plus d'immeubles de plus de huit étages et c'est d'ailleurs très rare d'atteindre cette hauteur. La priorité est donnée aux petits immeubles. Les entrées des immeubles sont désormais dans la mesure du possible devant les voies de circulation pour éviter des situations d'isolement.
Les rues qui traversent les cités ne sont plus à sens unique ou en cul-de-sac pour faciliter la circulation. Par ailleurs, nous avons remarqué que le fait de clôturer les espaces devant les entrées d'immeubles réduisait les agressions.

Le gouvernement s'attelle à lutter contre l'insécurité. Que lui demanderiez-vous pour les quartiers difficiles'

Actuellement, on estime que sur les 3 millions de logements HLM en France, 25 à 30% sont situés dans des quartiers qualifiés de difficiles. Il est impensable d'imaginer tout démolir pour reconstruire ailleurs compte tenu du prix et du manque de terrains disponibles.
Mais, en revanche, si les élus des villes difficiles étaient plus motivés à améliorer l'état des grands ensembles et disposaient de davantage de fonds, nous aurions les moyens d'améliorer le cadre de vie. A Athis-Mons (Val-de-Marne), nous avons réussi, grâce à la volonté des élus, à restructurer des quartiers, en aménageant des nouvelles voies de circulation.
Il faudrait décentraliser les prises de décision, réduire les procédures administratives et nous aider en termes financiers pour mettre en place plus d'équipes de médiateurs sociaux dans les quartiers difficiles.

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