LOGISTIQUE. Le ministre délégué aux Transports a annoncé plusieurs mesures qui doivent permettre de rendre plus compétitifs le transport fluvial et le fret ferroviaire. Ce qui passe par le lancement de deux nouveaux programmes de Certificats d'économies d'énergie, et le lancement d'une nouvelle étape dans un contournement ferroviaire métropolitain pourtant ajourné.

Le transport fluvial émet jusqu'à 5 fois moins de gaz à effet de serre que le transport routier. Il permet par ailleurs de considérablement massifier les volumes à acheminer, un convoi fluvial pouvant représenter l'équivalent de 4 trains de fret, ou 220 camions. Il présente également l'avantage d'avoir un taux d'accidentologie faible et de générer moins de nuisances tout en permettant de transporter des marchandises au plus près des centres villes.

 

Ces arguments, énumérés dans le contrat d'objectif et de performance signé le 30 avril 2021 entre le Gouvernement et Voies navigables de France (VNF), devraient justifier une place privilégiée du fluvial dans le transport de marchandises. Pourtant, il reste peu utilisé en France.

 

Deux nouveaux programmes CEE

 

En 2020, un peu plus de 50 millions de tonnes ont été transportées par voie fluvial. L'objectif est d'augmenter cette proportion de 50% d'ici à 2030, pour atteindre les 75 millions de tonnes. Pour cela, le contrat d'objectif et de performance promet de doter VNF de 3 milliards d'euros fléchés vers les infrastructures. En visite à Arles le 1er mars 2022, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé de nouvelles mesures devant doper l'attractivité de la voie d'eau, mais aussi du fret ferroviaire, qui de son côté émet 9 fois moins de GES que le transport routier, et dont l'objectif est de doubler sa part à moyen terme.

 

Ainsi, deux nouveaux programmes de Certificats d'économies d'énergie ont été lancés par le ministre. A la clé, 45 millions d'euros supplémentaires, pour compléter "des opérations déjà éligibles aux CEE comme l'acquisition d'une barge neuve pour le transport de marchandises, d'un automoteur fluvial neuf ou de wagons d'autoroute ferroviaire, cite en exemple le ministère des Transports. L'enjeu : créer un volume d'affaires suffisant pour rendre ces filières compétitives, par rapport à la route".

 

Intelligence artificielle et report modal

 

Le premier programme, baptisé Appel d'aiR, est doté de 7 millions d'euros. Il cible le secteur de la logistique avec pour objectif de "stimuler l'adoption de l'intelligence artificielle". Il doit également "favoriser la mise en open data des données des acteurs du secteur".

 

Le second, Remove, représente de son côté 38 millions d'euros. Son but est de "développer le report modal des marchandises de la route vers le fluvial, le maritime et le ferroviaire". Comment ? En mettant en œuvre des actions de sensibilisation, en allouant des aides au rodage, et en élaborant un écolabel des flux logistiques et portuaires, plus vertueux.

 

Vers une relance du contournement ferroviaire lyonnais ?

 

Le ministère des Transports a par ailleurs déclaré qu'une "nouvelle étape de concertation du projet de contournement [ferroviaire] sud de Lyon sera prochainement organisée". Ce projet, qui avait été reporté, consiste à faire passer les trains de fret, passant actuellement dans le cœur de la métropole, par l'est et le sud du territoire. Objectif : contribuer à la désaturation du nœud ferroviaire lyonnais et "conforter le positionnement stratégique du port de Marseille" en renforçant l'axe entre les deux métropoles.

 

Selon le journal local Le Progrès, qui a contacté la préfecture du Rhône, la concertation devrait démarrer à l'automne. Les modalités ne sont cependant toujours pas définies. "On comprend la prudence, six semaines avant l'élection présidentielle", note le quotidien.

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