L'Office fédéral des statistiques vient de publier des chiffres particulièrement sombres sur la conjoncture du secteur de la construction en Allemagne. La crise, qui dure depuis 1995, n'est pas prête de prendre fin.

A peine réélu, et de justesse, le chancelier Schröder est attendu par les acteurs de la construction, qui espèrent bien des mesures incitatives et le retour de la croissance. Les derniers chiffres publiés vont radicalement dans l'autre sens.
En terme de chômage, les effectifs des entreprises du bâtiment accusent une baisse de 11,4% à 861.000 salariés contre 971.000 l'an passé. Sur la même période, c'est une baisse de 12,4% des commandes, tandis qu'au mois d'août le chiffre d'affaires du bâtiment en Allemagne perdait 12,9% par rapport au mois d'août 2001, à 7,5 milliards d'euro.

La crise sectorielle a commencé en 1995, sous le gouvernement Kohl, et est devenue la plus longue du BTP depuis l'après-guerre. Les raisons n'en sont pas politiques, quand bien même des mesures politiques plus adaptées aurait pu en atténuer les effets. En réalité, il s'agit d'une crise de maturité : le secteur du BTP avait grandi trop vite au moment de la reconstruction, et la réunification a imposé une réduction de sa surcapacité.
Le BTP a été mis à l'écart des mesures et des préoccupations de la dernière législature. Ainsi, comme en France, la Construction et le Logement ont été rattachés au même ministère que les Transports. En quatre ans, trois ministres se sont succédés à la tête de ce ministère, sans qu'une politique suivie soit mise en place.

Affirmant que le marché du logement était " détendu ", le gouvernement fédéral n'a pas devancé la crise du logement. Pire, non seulement il n'a pas relancer la demande, mais encore il a rendu moins favorable l'accès à la propriété, ce qui a eu pour effet un découragement de la construction de maisons individuelles. En modifiant le droit au bail, en faveur des locataires, il a déplu aux investisseurs institutionnels qui se sont complètement retirés de la construction de maisons puri-familiales. En chiffre, la production de logement est passée de 600.000, en 1995, à moins de la moitié aujourd'hui. La situation devrait encore empirer, selon le Hauptverband, qui regroupe les majors du BTP, tandis que le besoin de logements neufs oscille entre 350.000 et 400.000 par an, d'après les experts.

Pour le patron de Bilfinger Berger, Herbert Bodner, la disparition de Philipp Hozmann, ancien numéro un du BTP allemand ayant déposé le bilan en mars dernier, est un signe positif. Désormais, les donneurs d'ordres s'intéresseront à la solvabilité des receveurs d'ordres, qui ont trop cherché à casser les prix.

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