INDUSTRIE. La ministre chargée de l'Industrie a évoqué les nombreuses difficultés rencontrées par les filières qui font face à la pénurie de matières premières. Des solutions vont être mises en place pour y répondre.

La crise de la pénurie des matières premières va durer. C'est ce qu'a annoncé le 14 avril la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, dans un point presse à la suite d'une réunion avec des représentants de l'industrie le 14 avril. Elle a réuni les représentants des six filières les plus touchées par la crise d'approvisionnement de composants et de matières premières, l'automobile, l'agroalimentaire et le bâtiment pour la partie client, et l'électronique, la métallurgie et la chimie pour la partie fournisseur.

 

 

Les six fédérations professionnelles, accompagnées du président de France Industrie, Alexandre Saubot, ont fait le point avec la ministre pour évoquer leurs difficultés. "Cette crise se manifeste de manière hétérogène, avec un premier semestre aux difficultés croissantes. Le déblocage des matières premières ne se fera pas avant cet été ou la fin du second semestre, voire la fin de l'année pour les semi-conducteurs", a déclaré la ministre.

 

Des hausses de prix jusqu'à 80%

 

Elle a dressé le constat de délais de livraison rallongés pour toutes les premières matières et une forte augmentation des prix. "L'aluminium et l'acier subissent des hausses de prix allant de 50 à 80%". Selon la ministre, le prix de l'acier est passé de 500 à 900 euros la tonne. De plus, "les industries rencontrent des difficultés à acheminer rapidement des pièces détachées et des éléments nécessaires à la production."

 

Pour pallier ces problèmes, le ministère a déployé un représentant "chargé de faire remonter les difficultés des industries pour permettre des interventions douanières mais aussi diplomatiques". "L'enjeu est de construire une résilience et non pas uniquement de répondre à une situation conjoncturelle, c'est ce que mène le gouvernement depuis septembre dans le cadre du plan relance", a ajouté Agnès Pannier-Runacher.

 

Des moyens au niveau européen

 

Sur le moyen-terme, la ministre appelle à renforcer la mise en place de filières de recyclage. "Nous allons mettre en place un groupe de travail afin de regarder comment ajuster les dispositifs du plan de relance pour permettre des mesures de relocalisation des secteurs les plus critiques." Elle a annoncé que le gouvernement a financé 279 projets, à hauteur de 462 millions d'euros, pour permettre des investissements industriels et la création de plus de 11.000 emplois.

 

À l'échelle de l'Europe, "nous voulons pousser le continent à se déployer en matière d'électronique pour permettre aux Etats d'accélérer les innovations. La Commission européenne doit d'ailleurs prochainement établir une liste des éléments vulnérables des industries européennes."

 

La métallurgie et la plasturgie ciblées

 

Concernant le secteur de la métallurgie, "le marché du green deal chinois a entraîné des importations très fortes de ferraille et métaux, ce qui a provoqué une augmentation de la demande. Il y a un désajustement entre la demande et l'offre. Or, le redémarrage des usines de production prend un minimum de temps, un haut fourneau met par exemple trois mois à redémarrer", a indiqué la représentante de l'État. Pour le ministère, l'enjeu est d'accompagner cette reprise. "Il faut également que l'on anticipe d'éventuelles transformations des chaînes d'approvisionnement qui manifesteraient des transformations structurelles."

 

 

Pour la plasturgie, la haute fonctionnaire appelle à ne pas appliquer "à la lettre" les closes de pénalités sur les approvisionnements "mais à tenir compte d'une situation dans laquelle le fournisseur est confronté à une problématique qui le dépasse complètement. Les filières doivent travailler là-dessus. Il existe des solutions contractuelles."

 

Même chose pour les chantiers. "Il faut une négociation de bonne foi entre le donneur d'ordre et l'entreprise responsable du chantier, qui doit faire face à une augmentation des prix ou un retard de livraison."

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