Après les records d'affluence des dernières journées du Patrimoine, le succès du Salon du Patrimoine Culturel qui se tient à Paris jusqu'au 10 novembre vient confirmer l'engouement des Français pour les vielles pierres. Il conforte aussi l'existence d'un véritable marché pour le bâtiment.

Un salon est toujours un bon moyen de mesurer l'état d'un marché. A travers les allées du 8ème Salon du Patrimoine Culturel qui se tient jusqu'au 10 novembre 2002 au Carrousel du Louvre à Paris, on ne peut que constater que la bonne santé du marché du patrimoine.

Si l'on considère ce marché au sens (très) large, en l'assimilant aux travaux sur la bâti ancien de plus de 50 ans, l'intervention sur le patrimoine architectural représenterait environ un tiers de l'activité du bâtiment. Mais, en dehors du domaine quasi-sacré des monuments historiques, ce marché est encore mal structuré et surtout encore trop négligé.

Certes, des initiatives voient le jour ça et là comme les concours " Les rubans du patrimoine " qui récompense depuis 1995 les communes ayant réalisé des opérations de restauration. Même si elles sont soutenues par les professionnels, en l'occurrence la FFB pour ce concours, ces initiatives ne suffisent pas encore à créer une véritable dynamique et surtout à structurer le marché.

En premier lieu, les architectes ne se sont intéressés que tardivement à ce marché, à l'exception des monuments historiques monopolisés par la une cinquantaine " d'architectes en chef ".

Toutefois, si l'on considère le taux de pénétration des architectes sur le marché du bâti existant, on note qui est passé de 8% en 1982 à 20% en 2000.

Plusieurs approches coexistent au sein des architectes, certains abordant le patrimoine par les monuments historiques, d'autres préférant le voir sous l'angle de la réhabilitation des bâtiments. L'engouement récent pour la mutation des friches industrielles en espaces culturels en est la meilleure preuve. Le patrimoine industriel était d'ailleurs le fil conducteur du salon, qui a consacré plusieurs conférences à ce sujet.

Si ce marché semble de plus en plus intéresser les architectes, ce n'est pas encore complètement le cas du côté des entreprises. L'étape de la réalisation passe souvent par des appels d'offres infructueux ou des délais importants dans la mis en œuvre des chantiers. Il faut reconnaître que les entreprises prestataires sur le marché des monuments historique sont peut nombreuses. Dans certaines régions, la concurrence est quasi-inexistante.

Outre les entreprises estampillées " monuments historiques ", la plupart de celles qui peuvent être amenées à travailler sur le patrimoine n'a souvent pas les capacités pour le faire. Utilisation abusive de produits industriels, pratique de la substitution au détriment de la réparation, pénurie de main d'œuvre qualifiée… les problèmes sont légions sur les chantiers.

Les organisations professionnelles ont pourtant pris le problème très au sérieux. Dès la Capeb a créé un certificat d'identité professionnelle (CIP) spécialisé dans le patrimoine. Il s'agit d'un document dans lequel les artisans consignent les références de travaux à l'issue d'un stage de formation portant sur le cadre réglementaire, le rôle des principaux acteurs du secteur et l'histoire du patrimoine. Deux diplômes d'universités ont même été créés à l'attention des artisans souhaitant se perfectionner dans le domaine du patrimoine architectural.

De son côté, outre la constitution, dès 1959 du groupement Français des Entreprises de Restauration de Monuments Historiques (GMH), la FFB s'est attaché au problème du bâti ancien au sens large. Depuis 2001, elle propose à ses membres une formation qui, à condition de présenter trois références chantiers sur des édifices de plus de 50 ans, permet aux entreprises d'ajouter la mention " Patrimoine bâti " sur la qualification Qualibat.

Autant d'initiative qui vont dans le sens de l'histoire. Car notre futur passera forcément par la (re)décourverte de ces édifices qu'ils soient de type industriel, agricole ou d'habitation.

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