CONJONCTURE. Propice à la publication des résultats semestriels des grands groupes, la période estivale témoigne de la bonne forme de plusieurs entreprises du BTP : tandis que Vinci enregistre une hausse de 10% de son chiffre d'affaires à la mi-2019 (21,7 Mds€), LafargeHolcim voit le sien reculer de 1,6% (environ 11,7 Mds€) mais profite d'une situation financière assainie.

Les résultats financiers des grands groupes du BTP profitent aussi de l'ensoleillement estival. Période propice à la publication des chiffres des entreprises cotées, l'été témoigne de la bonne forme de plusieurs acteurs de la construction, qui ont présenté leurs résultats semestriels en cette fin juillet 2019. Du côté de Vinci, on notera tout d'abord que le chiffre d'affaires a progressé de 10% pour atteindre 21,7 milliards d'euros, avec une branche concessions (Vinci Airports et Autoroutes) qui augmente son activité de 12% et une branche contracting (Vinci Construction, Energies et Eurovia) qui profite d'une hausse de 10%. L'entité Vinci Immobilier, pour sa part, bondit de 20%. Le groupe poursuit son développement à l'international, avec comme actualité majeure la finalisation de la prise de contrôle de l'aéroport de Londres Gatwick (au sud de la capitale britannique) en mai dernier, qui fait de Vinci Airports le deuxième opérateur aéroportuaire au monde, derrière le groupe Aéroports de Paris (ADP). Dans ces conditions, les perspectives pour la seconde moitié de l'année demeurent donc positives, et le groupe "confirme qu'il anticipe pour 2019 une nouvelle progression de son chiffre d'affaires et de son résultat". En effet, les six premiers mois de l'année se sont soldés par un carnet de commandes s'élevant à 36,2 milliards d'euros, en hausse de 11% par rapport à l'exercice 2018.

 

 

"Le premier semestre 2019 a été marqué par une activité dynamique et par une nouvelle hausse des résultats du groupe malgré une base de comparaison élevée. Ces bonnes performances confirment la solidité du modèle intégré concessionnaire-constructeur du groupe, avec un renforcement du poids des concessions d'infrastructures", a déclaré à cette occasion Xavier Huillard, président-directeur général de Vinci. "Dans les concessions, le trafic est resté bien orienté dans la plupart des plateformes gérées par Vinci Airports. Chez Vinci Autoroutes, les mouvements sociaux exceptionnels qui ont perturbé l'activité fin 2018 se sont poursuivis en janvier 2019, la situation étant ensuite revenue à la normale. Dans le contracting, la croissance organique a été soutenue tant en France qu'à l'international, de même que le rythme des prises de commandes. La marge opérationnelle du contracting affiche néanmoins un léger recul, en raison principalement des difficultés rencontrées par Vinci Construction sur plusieurs chantiers et de la sous-activité de certaines filiales dans les métiers de l'Oil & Gas, ces effets étant en grande partie compensés par une amélioration des résultats de Vinci Energies et d'Eurovia."

 

LafargeHolcim relève la tête après des restructurations conséquentes

 

 

LafargeHolcim, le géant franco-suisse des matériaux de construction, affiche pour sa part un bénéfice d'environ 707 millions d'euros à l'issue du premier semestre 2019, soit un décollage stratosphérique de 110% sur 12 mois. En revanche, son chiffre d'affaires recule de 1,6%, pour atteindre les 11,7 milliards d'euros, malgré une évolution positive de ses ventes (+3,5%). L'entreprise explique ces performances mitigées d'une part par les difficultés rencontrées sur le marché asiatique, où elle a dû réduire la voilure, et d'autre part par le poids important des frais de restructurations réalisées en 2018. Ceci dit, LafargeHolcim bénéficie aujourd'hui d'une situation financière assainie : "Notre discipline financière a abouti à de solides progrès dans les flux de trésorerie et à une réduction significative de la dette", a souligné son directeur général, Jan Jensich, dans un communiqué de presse. Le montant de la dette du groupe est effectivement tombé de 14,5 milliards d'euros en 2018 à 10,2 milliards à la mi-2019.

 

Il faut dire que Jan Jensich, ancien patron du groupe suisse Sika, a rapidement lancé un vaste chantier de réorganisation quand il est arrivé aux commandes de LafargeHolcim en 2017. Cela s'est traduit par la fermeture de bureaux, notamment ceux des anciens sièges sociaux de Zurich et de Paris, et la suppression de 200 emplois. Dans le même temps, le cimentier a accéléré les cessions d'actifs, en annonçant consécutivement la vente de ses activités en Indonésie, en Malaisie, à Singapour et aux Philippines. C'est pourquoi les commercialisations de ciment ont chuté de 14,6%, celles d'agrégats de 16% et celles de béton prêt-à-l'emploi de 15,5% dans la zone Asie-Pacifique au cours des 6 premiers mois de l'année. Sur le Vieux Continent, LafargeHolcim rencontre toutefois moins de problèmes, étant donné que ses ventes y ont progressé de 7,2%, pendant que l'Amérique du Nord enregistrait une hausse plus mesurée de 2,8%. Au final, le cimentier a confirmé ses objectifs pour 2019, à savoir une augmentation des ventes globales comprises entre 3 à 5%.

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