L’habitation de l’architecte Bruno Ridel fait partie du cercle restreint des maisons passives en France. Isolation renforcée, absence de ponts thermiques, parfaite étanchéité à l’air, ventilation avec récupération d’énergie... Elle respecte à la lettre toutes les exigences du standard passif. Reportage.

Le passif, l’architecte Bruno Ridel, co-gérant du cabinet En Act Architecture, y pensait depuis longtemps pour réaliser sa maison individuelle. Encore fallait-il trouver la technique de construction et les matériaux adaptés ! Ce fût chose faite après une discussion avec Richard Lefèvre, le gérant d’une société de construction bois spécialisée dans les bâtiments passifs et à énergie positive. Les deux hommes ayant mis en commun leurs connaissances, le projet a pu voir le jour rapidement. Mais, le travail avait déjà bien été avancé par l’architecte. En prévision, il avait fait l’acquisition d’une parcelle de 1.000 m2 située à Varengeville-sur-mer (Seine-Maritime) parfaitement apte à recevoir un bâtiment passif. «Son orientation plein sud est idéale pour profiter d’un ensoleillement hivernal. Par ailleurs, en raison de l’absence de constructions hautes aux alentours et de feuillage persistant, il n’y a pas d’ombre portée» indique Bruno Ridel.



Une enveloppe de qualité

Au niveau de la conception même du bâtiment, la démarche architecturale a consisté à installer - comme pour une habitation bioclimatique - les pièces à vivre et les chambres au sud ou à l’ouest. Les autres, quant à elles, sont situées au nord. De ce côté-là, on retiendra d’ailleurs la présence d’un garage qui joue le rôle de tampon avec la partie habitable. «On a utilisé des principes simples, explique Bruno Ridel. Finalement, on revient de plus en plus à des fondamentaux, oubliés au fil des siècles». Parallèlement, de larges baies vitrées ont été installées sur la façade sud pour récupérer un maximum d’apports solaires passifs.

En ce qui concerne l’enveloppe, un grand soin a été apporté à l’isolation. La formule choisie a été une ossature bois épaisse remplie de ouate de cellulose et renforcée au niveau de la toiture et des combles, le tout complété par un triple vitrage. Une maison passive devant également, par définition, être parfaitement étanche à l’air, les jonctions entre les différents éléments constructifs, par exemple entre les menuiseries et l’ossature, ont été réalisées avec une extrême minutie. Une installation dont l’efficacité a d’ailleurs été vérifiée en fin de chantier. Enfin, l’inertie du bâtiment (sa capacité à accumuler la chaleur reçue des rayons solaires pendant la journée pour la restituer le soir, ndlr) est garantie par la mise en œuvre de matériaux spécifiques : du gypse naturel, des fibres de cellulose...



La ventilation du logement est assurée par une VMC double flux connectée à un puits canadien. «Grâce à ce système, nous récupérons 90% des calories contenues dans l’air extérieur et nous les réinjectons dans les différentes pièces de la maison», précise Bruno Ridel. D’ailleurs, dans les premiers jours, tellement préoccupés par cette question des calories, les occupants s’empêchaient d’ouvrir les fenêtres. Un comportement qui a depuis été revu et corrigé : «l’inertie du bâtiment étant tellement bonne que nous avons compris que cela ne servait à rien de se restreindre. Vivre dans une maisons passive, cela ne veut pas dire vivre en vase-clos dans un bocal».



Installé depuis six mois dans sa maison, l’architecte a déjà pu se rendre compte du puissant impact des apports solaires passifs. «Grâce à eux, même lorsqu’il fait -5°C à l’extérieur, on obtient à l’intérieur une température de 19,5°C le matin et 21,5°C le soir» s’enthousiasme-t-il. Par prudence, un chauffage d’appoint - un poêle à bois - a tout de même été prévu. Les consignes sont de ne s’en servir «qu’épisodiquement, pas plus de trois heures par jour».

Il est encore trop tôt pour savoir si la consommation de chauffage sera bien égale ou inférieure à 15 kWh/m²/an, mais Bruno Ridel se veut optimiste.

 





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