MÉGAPROJET. Le gouvernement italien devait trancher ce vendredi 8 mars sur le dossier de la liaison transalpine Lyon-Turin. Mais Rome ne parvient pas à fédérer ses dirigeants, et Paris s'impatiente, rappelant la teneur des engagements pris au niveau européen.

La construction de la liaison transalpine Lyon-Turin devient un véritable feuilleton. Alors qu'une organisation favorable à la réalisation de cette liaison ferrée entre les deux métropoles a publié un communiqué le 5 mars pour faire le point sur le sujet, le gouvernement italien devait rendre son verdict ce 8 mars. Dans la matinée, le vice-président du Conseil et chef de la Ligue (droite radicale), Matteo Salvini, a déclaré être toujours favorable à la concrétisation du chantier, excluant par conséquent de voter contre.

 

Mais au sein même de l'exécutif italien, l'autre vice-président du Conseil et chef du Mouvement 5 étoiles (gauche radicale), Luigi Di Maio, reste farouchement opposé au Lyon-Turin. Des divergences qui s'expliqueraient sur le plan électoral : la Ligue représente davantage les chefs d'entreprises du nord de l'Italie, région dynamique et prospère, ouverte par nature à ce nouvel axe ferroviaire qui renforcera les échanges commerciaux avec la France. En revanche, les électeurs du Mouvement 5 étoiles considèrent ce mégaprojet comme un gaspillage d'argent public, et privilégient la restructuration du réseau d'infrastructures existant en lieu et place de la construction ex nihilo.

 

Un projet dans les tuyaux depuis... 1990

 

Dans un communiqué, le ministère français de la Transition écologique et solidaire (auquel est rattaché le ministère des Transports) a répondu à l'indécision des dirigeants italiens : prenant acte des déclarations du gouvernement transalpin, Paris réaffirme être "convaincue de la pertinence de ce projet majeur pour les échanges entre nos deux pays et pour l'Europe". Dans les tuyaux depuis les années 1990, le Lyon-Turin a été officiellement acté en 2017 par un traité bilatéral et fait l'objet d'un financement européen à hauteur de 40% - pour un coût total, rappelons-le, de 8,6 milliards d'euros. C'est pourquoi "la France réaffirme son attachement au respect des engagements pris et des délais de réalisation", ajoutant que ce chantier a été a fortiori inscrit dans la programmation des investissements du projet de loi d'orientation des mobilités (LOM), actuellement discuté au Sénat.

"La France a toujours respecté le souhait du gouvernement italien de conduire une réflexion sur ce projet, et se tient naturellement ouverte à une discussion entre partenaires"
, précise le communiqué du ministère français. Et le gouvernement d'Edouard Philippe de se déclarer favorable au lancement des appels à candidatures pour que le projet suive son cours ; lancement qui devrait avoir lieu lors du prochain conseil d'administration de TELT, le promoteur chargé de la réalisation puis de l'exploitation de la section transfrontalière du Lyon-Turin. "Cela permettra de respecter le temps de réflexion souhaité par l'Italie tout en préservant les financements européens", conclut le ministère des Transports. Autant dire que la France maintient la pression sur l'Italie... à moins que ce ne soit l'inverse ?

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