SCIENCE. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a inauguré ce 3 février 2020 plusieurs plateformes d'expérimentation et le "pilote d'essai pluri-métrique" qui les accompagne, dans l'optique d'étudier à différentes échelles le transfert des polluants dans les sols et les éventuelles solutions techniques pour y remédier.

Mieux comprendre comment les polluants se déplacent dans les sols pour mieux lutter contre leur propagation : voici l'objectif du simulateur inauguré ce 3 février 2020 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) sur son site d'Orléans (Loiret). L'installation se compose de plateformes d'expérimentation baptisées Prime, et d'un pilote d'essai pluri-métrique (PPM) qui se présente comme une cuve en inox de plus de 10 mètres de longueur et de plus de 4 mètres de hauteur, pour un volume de 150 m3. Cet outil simule "un sol naturel et une nappe phréatique pour étudier le transport des polluants et leur évolution physico-chimique et microbiologique", explique le BRGM. "Conçu de manière très modulable et doté de capteurs nombreux, le PPM doit permettre à tout type d'utilisateur (BRGM, établissements de recherche, entreprises privées) de réaliser des expérimentations dans des conditions très proches de l'in situ mais bien mieux contrôlées", poursuit le centre de recherches, en permettant "notamment d'analyser à grande échelle et en trois dimensions les processus réactionnels présents dans les zones non-saturées ou saturées en eau".

 

 

D'après les spécialistes, on dénombre en France plus de 7.200 sites pollués par des métaux lourds (plomb, cuivre, chrome), des hydrocarbures ou des composés organochlorés, comme les pesticides ou les solvants. La gestion de ces sols contaminés constitue un enjeu non seulement environnemental mais aussi sanitaire et économique pour les entreprises qui en ont la responsabilité. C'est donc pour épauler ces dernières que les plateformes Prime ont vu le jour, s'inscrivant dans le programme Pivots - pour Plateformes d'innovation, de valorisation et d'optimisation technologique environnementales -, initié et financé par la région Centre-Val-de-Loire, l'Etat et le Fonds européen de développement régional à hauteur de 7,3 millions d'euros. L'installation est également dotée d'instruments expérimentaux "à l'échelle centimétrique et métrique (bacs et colonnes), permettant de réaliser des expériences et d'acquérir des paramètres physiques, chimiques ou biologiques nécessaires à la compréhension des processus de transfert des polluants et au développement de procédés de dépollution", précise le BRGM.

 

La cuve peut être scindée de deux à quatre modules pour mener d'une à quatre expériences simultanément

 

 

Ce dispositif, présenté comme unique en Europe par le centre de recherche, est scindable en deux, trois ou quatre modules, laissant ainsi la possibilité de mener d'une à quatre expériences simultanément. Selon les essais, les scientifiques pourront aussi végétaliser la zone et accéder à différentes profondeurs de la cuve aussi bien depuis la surface que depuis les parois. "Est-ce que le polluant disparaît tout seul ? Est-ce qu'il faut y ajouter un peu de poudre de perlimpinpin ? Beaucoup de poudre de perlimpinpin ? Laquelle ? Comment ? On veut vérifier que l'on a bien dégradé le polluant et récupéré une qualité du sous-sol et de l'eau souterraine qui devrait être celle du milieu avant la pollution par l'activité humaine", a détaillé le responsable du projet, Christophe Mouvet. Les entreprises souhaitant tester un produit ou un procédé de dépollution, les universités ou encore les centres de recherches planchant sur le sujet pourront donc remplir la cuve de matériaux contaminés prélevés sur un site industriel, et suivre ensuite l'évolution des polluants en condition semi-naturelle.

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