Président de la FPI depuis 2009, Marc Pigeon a passé le témoin jeudi matin à François Payelle. L'opportunité d'analyser la situation du secteur avec lui.

Batiactu : Pourquoi réclamez-vous des aides plus efficaces, alors qu'elles sont en nette progression ?
Marc Pigeon :
Pour rappel, constructeurs et promoteurs représentent ensemble 70 % du secteur de la filière immobilière. Malgré cela, sur les 37 Mds € de budget public d'aides au logement, nous ne coûtons que 3 Mds € à l'Etat et aux collectivités locales, soit, en comptabilisant large, un milliard d'euros d'aide Scellier à l'investissement locatif et 2 Mds € pour l'accession à la propriété (PTZ + et APL).

 

Nous pouvons difficilement accuser des montants aussi modestes d'être inflationnistes. En revanche, ils soutiennent toute la filière immobilière, donc le BTP. Par conséquent, je ne plaide pas pour plus d'aides mais pour une pérennisation d'aides nécessaires, dont la disparition programmée m'inquiète.

 

Batiactu : Quelle est votre principale réticence ?
Marc Pigeon :
Ma principale réticence, à l'heure actuelle, est la suppression anticipée du Scellier dès l'été 2012 par la loi de Finances rectificative sans attendre sa fin programmée en décembre. J'avais prévu 80.000 ventes cette année, contre 103.000 l'an dernier, avec un partage 50-50 entre ventes en locatif et en accession à la propriété. En fait, cela avait été jugé pessimiste à l'époque, aujourd'hui cette prévision se confirme et si le Scellier disparaît en juillet 2012, les ventes réelles seront même beaucoup plus basses. Or, il faut une aide à l'investissement locatif pour disposer d'un parc locatif. Comment faut-il faire ? Elle doit être conditionnée à des contreparties sociales, c'est-à-dire un plafond de loyer plus bas qu'aujourd'hui.

 

Batiactu : Comment accroître l'offre de logements ?
Marc Pigeon :
Il faut avant tout du foncier, et pour cela adopter une 'taxation inversée' des plus-values, s'accroissant avec la durée de détention des terrains. De plus, il est indispensable aussi de faire cesser les recours abusifs contre les permis de construire, urbaniser sans attendre les terrains figurant dans le plan d'urbanisme local comme 'à urbaniser', passer des contrats d'urbanisation 'Etat-collectivité locale' pour répondre aux besoins locaux en logements et sanctionner les maires qui ne les respecteraient pas.

 

Par ailleurs, aidons les ménages de façon ciblée. Cela accroîtra l'offre de logements. Mais par ailleurs, pour faire baisser le prix, il implique de stopper l'inflation des normes réglementaires de type BBC.

 

Propos recueillis par Sébastien Chabas

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