L'emploi, les conséquences de la décentralisation et le logement ont été au coeur des débats sur le projet budgétaire 2005 de Paris, mais c'est ce dernier thème qui cristallise les désaccords.

Le maire PS Bertrand Delanoë est assuré de voir ce budget - le plus important d'une collectivité locale française avec 7 milliards d'euros - adopté mardi sans problèmes, sans même les quelques accrochages qui traditionnellement l'opposaient à ses alliés verts qui viennent de perdre leur combatif président Alain Riou, mort le 6 décembre d'un cancer.

Le budget 2005 de Paris, à la fois ville et département, confirme "une priotité absolue : la solidarité", a fait valoir le maire en mettant en avant "le contexte national dominé par un taux de chômage élevé, une précarité croissante".
Parmi les postes essentiels : le RMI, transféré aux départements depuis début 2004, et pour lequel la municipalité a prévu une enveloppe de 241 millions d'euros.
Ce fut l'occasion pour M. Delanoë de pointer l'insuffisance de la compensation de ces dépenses par l'Etat, pourtant garantie par la constitution à l'euro près. "En 2004, nous avons dû financer plus de 30 millions d'euros de dépenses supplémentaires; en 2005, 30 à 50 millions d'euros s'ajouteront à ce surcoût", a-t-il dit.
"Nous regarderons de très près avec vous les remboursements de l'Etat, mais ne faites pas de procès d'intention", a lancé Claude Goasguen, président du groupe UMP, jugeant que la ville "est riche comme Crésus", du fait notamment de la hausse des droits de mutation, nourrie par les tensions sur l'immobilier.

Le logement a d'ailleurs été un autre point soulevé sur tous les bancs de l'Hôtel de Ville. "Vous êtes les rois, les empereurs, les nababs de la spéculation immobilière", a lancé Jean-François Legaret, maire (UMP) du Ier arrondissement. Pour l'UDF, Yves Galland a déploré la "disparition de toute politique de logement intermédiaire" pour clases moyennes.

Le maire leur a opposé l'"engagement très ambitieux" de la municipalité en faveur du logement social. Alors qu'elle avait promis 3.500 créations par an, contre 1.500 sous la précédente mandature, elle monte en puissance pour atteindre 4.000 par an de 2005 à 2008, selon M. Delanoë.
Encore un effort, ont plaidé ses alliés. Les Verts ont demandé d'abonder le compte foncier de pas moins de 500 millions d'euros pour acquérir le "logement social de fait" (hôtels meublés...) pour en faire des logements sociaux de droit.
Plus réalistes, les communistes veulent un supplément de 40 millions d'euros sur ce compte.

Enfin, l'emploi, dans une ville au chômage (11,4%) supérieur à la moyenne nationale, a aussi été au coeur des discussions. M. Delanoë et son adjoint aux finances Christian Sautter ont mis en avant, leur politique de création de pépinières d'entreprises (20.000 m2 créés d'ici 2007). Ils ont cité aussi l'opération Paris pour l'emploi, qui a permis l'an dernier plus de 3.000 recrutements.

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