Les communes de plus de 30.000 habitants prévoient d'investir 1,2 milliard d'euros dans l'immobilier d'ici à deux ans, selon une enquête du cabinet de conseil Deloitte. Les collectivités locales ont également la volonté d'optimiser la gestion de leur parc immobilier, souvent éclaté entre plusieurs entités.

Détentrice d'un patrimoine de 242 milliards d'euros, les communes françaises font parties des poids lourds du paysage immobilier. Et les dernières prévisions prévoient des investissements importants : les villes de plus de 30.000 habitants projettent d'investir 1,2 milliard d'euros dans l'immobilier d'ici aux deux prochaines années.
Alors que se tient actuellement le MIPIM (Marché International des Professionnels de l'Immobilier), le cabinet de conseil Deloitte a publié les résultats de son enquête sur la gestion immobilière des communes. Sur les trois dernières années, 90% des villes interrogées ont d'ores et déjà réalisé des transactions (acquisitions et cessions) et une large majorité a l'intention de poursuivre ses actions.

Une gestion immobilière éclatée

Autre enseignement : la volonté des collectivités locales de rationaliser la gestion de leur parc immobilier. Pour 64% d'entre elles, le patrimoine immobilier n'est pas géré au sein d'une entité unique mais de manière éclaté (services techniques, service de l'urbanisme, service des finances). Les villes éprouvent bien des difficultés à estimer le nombre d'agents impliqués dans la gestion immobilière. "La fonction immobilière fait intervenir des agents et techniciens disséminés dans plusieurs directions de la collectivité, sans doute en raison du grand nombre de compétences mobilisées (juridique, techniques, comptables et budgétaire)", observe l'étude. Le regroupement de ces compétences, qui permet de centraliser la gestion immobilière, n'est pas envisagé pour une commune sur deux. Seules 28% ont décidé de suivre ce mouvement, largement répandu dans le secteur privé. Selon l'auteur de l'étude, les entreprises privées mènent une réflexion sur la rationalisation des coûts immobiliers avec la mise en place de directions immobilières détachées qui constitue un réel outil stratégique.

Démarches environnementales

L'enquête s'est également intéressée aux outils informatiques utilisés par les collectivités locales. Seulement 46% d'entre elles estiment disposer d'un système d'information adapté à la gestion immobilière. Certaines déplorent que leur appareil ne soit pas diffusé à l'ensemble des acteurs de la fonction immobilière et ne couvre qu'un volet de la gestion (ex: gestion technique des bâtiments). "Une équipe immobilière centralisée faciliterait la mise en place d'un système d'information immobilier unique", souligne le cabinet Deloitte.

 

Point positif, les problématiques environnementales sont de plus en plus prises en compte par les municipalités. Près de 82% ont engagé des démarches de rénovation énergétique du bâti existant. Un tiers d'entre elles ont d'ailleurs établi des critères de développement durable ou entrepris des démarches de labellisation (HQE, LEED, BREEAM) pour ses nouvelles constructions.

 

Enfin, le cabinet d'audit a constaté le faible recours à une expertise privée pour la gestion immobilière : 75% des communes sondées déclarent ne pas faire appel à un conseil externe. Deux raisons sont évoquées :
- les villes préfèrent maîtriser l'intégralité de la réalisation de nouveaux équipements et infrastructures immobilières.
- L'immobilier n'est pas suffisamment reconnu comme étant un levier générateur de ressources.
L'intervention des EPCI (Etablissement Public Intercommunal) n'est pas corrélée à la taille des communes et relève de choix politiques locaux. "Si le poste budgétaire attaché à l'immobilier représente une source de coûts pour les communes, leur patrimoine immobilier constitue néanmoins un des leviers leur permettant de dégager des ressources significatives mais aussi de participer par de nouvelles implantations volontaristes à leur développement territorial. La mise en place d'une gestion rigoureuse et structurée de la fonction immobilière s'impose afin de générer des économies substantielles, d'orienter la politique d'urbanisation et renforcer l'attractivité économique, touristique et résidentielle", conclut Brice Chasles, associé Real Estate Advisory au cabinet Deloitte.

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