Une étude Ipsos pour Orpi révèle que, si les Français se disent satisfaits de leur logement actuel, ils n'en recherchent pas moins le bien idéal. Cependant, le manque de biens, la baisse du pouvoir d'achat immobilier et une mauvaise connaissance du marché condamnent la plupart à conserver leur habitation actuelle. Analyse.

Le moral des consommateurs est au plus bas et, pourtant, 89% d'entre eux affirment être comblés par leur logement. Selon une étude Ipsos pour Orpi, datée de septembre 2013, un tiers des Français et un quart des Parisiens se disent même "vraiment satisfaits" de leur habitation actuelle. Une "bonne surprise" pour Bernard Cadeau, président d'Orpi, mais qui cache de nombreuses contradictions...

 

Les plus satisfaits sont les propriétaires et les plus de 60 ans (44% d'entre eux), ainsi que les habitants de maisons individuelles (43%), de F5 (41%) ou de F6 et plus (56%). Et, à l'inverse, les habitants de studio et les locataires sont les plus mécontents de leur situation : respectivement 16% et 20% d'entre eux seulement se disent comblés. Sans surprise, le bien idéal reste une maison individuelle avec un jardin : 79% des personnes interrogées en rêvent.

 

Les Français ont la bougeotte
Car, satisfaits ou non, les Français continuent de rêver d'un logement meilleur ! En effet, 40% d'entre eux ont déclaré avoir un projet immobilier dans les 3 ans à venir, et 23% dans les 12 mois prochains. Bien que, globalement, la durée de détention des biens s'allonge (12 ans en moyenne), les propriétaires sont impatients de changer de logement : 54% de ceux qui ont acheté leur habitation depuis moins de 5 ans ont déjà le projet de déménager !

 

Les locataires ayant un projet d'achat, quant à eux, évoquent la volonté de ne plus dépenser de loyer (39%), de se sentir réellement chez eux (32%) ou encore de se constituer un patrimoine (15%). "Mais seuls 2% espèrent réaliser une plus-value, souligne Bernard Cadeau. Il faut tordre le cou à l'idée selon laquelle les Français veulent spéculer pour s'enrichir".

 

Satisfaits ou résignés ?
Entre la satisfaction réelle et la résignation, la frontière est fine. C'est ce que démontre le reste de l'étude. Parmi les 40% ayant un projet immobilier dans les 3 ans, 23% souhaitent acheter et, seulement 12%, vendre. "Or le marché s'auto-alimente à 80%, rappelle le président d'Orpi. Donc 5,5 millions de Français se retrouvent assignés à résidence faute de biens disponibles sur le marché".

 

Autre source de résignation pour les Français : la durée moyenne estimée pour la réalisation d'un projet immobilier. Entre recherche, financement et déménagement, les Nantais pensent qu'il leur faudra 32 mois avant d'habiter leur nouveau logement, les Lyonnais 38, les Parisiens 41 et les Marseillais 43 ! "La réalité est bien moindre, mais ces idées erronées pèsent sur le moral des ménages", estime Bernard Cadeau.

 

Les Français méconnaissent le marché
La baisse du pouvoir d'achat, quant à elle, est bien concrète. Et, à l'inverse du délai pour trouver un bien, elle est plutôt sous-estimée par les Français. Seuls 22% des locataires disposent du budget nécessaire pour acheter leur logement idéal. "En moyenne, les ménages peuvent réunir 166.000 euros, pour un bien qu'ils estiment à 222.000 euros, soit un déficit de 25%, explique Bernard Cadeau. Mais, en réalité, la somme nécessaire pour réaliser leur projet s'élève en moyenne à 257.766 euros, soit un déficit de 36% ! Il s'agit là d'un vrai décalage avec la réalité du marché".

 

De même, le prix d'une pièce en plus est fortement sous-estimé, à l'achat (prix réel d'une pièce en plus : 76.140 euros soit 29% de plus que les estimations) comme à la location (193 euros/mois, +18%). Une observation valable dans tout l'Hexagone, mises à part dans quelques grandes villes, comme Strasbourg, Toulouse ou Nantes.

 

Une frustration grandissante
Est-ce pour cette raison que les Français ont vu leurs exigences à la baisse ? Ils ne cherchent plus, en moyenne, que 3 m² de plus que leur logement actuel, 12 m² à Paris et à Lille, 13 à Marseille, et 18 à Strasbourg.

 

"Il existe un vrai sentiment de frustration, d'injustice, voire d'exclusion", soutient Bernard Cadeau. Le décalage, provoqué par la méconnaissance du marché, mais aussi par la pénurie de biens, est vivement ressenti par les agents immobiliers. "Seuls 5% de nos clients finissent par acheter un bien qui correspond aux critères qu'ils imposaient à l'origine de leur projet", conclut le président d'Orpi.

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