Plus d'un salarié sur sept a travaillé en horaire de nuit en 2012, de manière continue ou occasionnée, souligne une étude de la Dares au ministère du Travail. Une tendance qui se répand dans de nombreux secteurs... sauf dans le BTP ! Cependant, cela ne veut pas dire qu'il est totalement absent. Etat des lieux.

De plus en plus de Français travaillent la nuit. C'est ce que révèle une étude du ministère du Travail publiée jeudi 21 août 2014. En France, 3,5 millions de personnes travaillent régulièrement la nuit, c'est-à-dire entre minuit et 5 heures du matin d'après la définition retenue par l'organisme de statistiques du ministère du Travail (Dares) pour son étude portant sur des chiffres de 2012.

En vingt ans, le nombre de personnes habituées à travailler la nuit a doublé

Ainsi 7,4 % des salariés ont déclaré travailler habituellement la nuit en 2012, soit deux fois plus qu'en 1991. Or, si le travail de nuit occasionnel se raréfie, ne concernant plus que 8% des salariés en 2012 contre 9,5% vingt ans plus tôt, la proportion des travailleurs nocturnes "habituels" a doublé, précise l'étude du ministère du Travail. La part des femmes concernées augmente également : elle a quasiment été multipliée par deux en vingt ans (3,5% en 1991, 7,4% en 2012). Désormais 1,049 million de femmes travaillent de nuit.

 

Dans le détail, ce sont logiquement les pompiers, policiers et
militaires (72%) mais aussi les professionnels de la santé (42%) qui sont les plus nombreux à travailler la nuit. Dans le secteur privé, plus d'un tiers des techniciens et agents de maîtrise exercent leur activité entre minuit et cinq heures. Même chose pour 34% des ouvriers non qualifiés des industries, 16 % des ouvriers qualifiés de la manutention et enfin 33 % des ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal.

Comment expliquer l'absence de la famille du BTP dans l'étude ?

Dans ce panorama, la famille du BTP ne figure pas dans l'étude de la Dares : "Ce n'est pas un secteur dans lequel les équipes de la Dares ont été en mesure de quantifier les heures de travail exercées la nuit", nous explique le ministère du Travail, interrogé ce jeudi 28 août. Cela ne signifie pas non plus que l'on a négligé la famille du bâtiment. Contrairement aux 20 familles professionnelles regroupant le plus de salariés travaillant la nuit, le BTP représente une infime partie."

 

Autre élément de réponse de l'organisme de prévention l'OPPBTP, également interrogé : "Le travail de nuit ne représente pas la majorité des postes occupés, mais cela ne veut pas dire qu'il est totalement absent." Le code du travail dans le domaine du bâtiment est clair : il établit que tout travail ayant lieu entre 21h et 6h est considéré comme travail de nuit. "Un salarié est travailleur de nuit dès lors qu'il a réalisé au moins trois heures de son activité dans cette tranche et ce, au moins deux fois par semaine", rappelle l'OPPBTP.

 

Enfin, si la FFB (Bâtiment) n'est pas en mesure d'apporter des chiffres sur le travail dans le secteur, la FNTP (Travaux publics) signale à son tour que "seuls les travaux spécifiques dans le génie civil et le ferroviaire sont globalement visés par le travail de nuit à l'image des opérations de ripage d'un nouveau pont-rail."

La fréquence du travail de nuit selon l'âge et le sexe

Concernant la catégorie la plus touchée par le travail de nuit selon la Dares, on peut citer les hommes trentenaires qui travaillent le plus souvent la nuit (23 % d'entre eux).

 

Enfin, les conditions de travail sont plus difficiles pour les salariés qui travaillent la nuit, selon l'enquête du ministère. Ils exercent souvent plusieurs tâches et sont davantage soumis à de fortes contraintes de rythme de travail.

 

"Ces salariés ont plus souvent le sentiment qu'une erreur de leur part pourrait avoir de graves conséquences et sont plus souvent confrontés à des personnes en détresse, à des tensions ou même à des agressions", estime la Dares. Leur travail comporte par ailleurs davantage de facteurs de pénibilité physique et de contraintes de vigilance. Ils déclarent plus souvent risquer être blessé ou accidenté conclut l'enquête.

 

Les travaux de nuit doivent constituer une exception dans notre secteur. Comment procéder ? Exemple en pages suivantes, avec le chantier des Halles à Paris. Retrouvez également toutes les informations juridiques du travail de nuit

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