"Le ciel s'éclaircit" pour les diagnostiqueurs immobiliers, affirme une étude Xerfi publiée ce mardi 28 octobre qui prédit des chiffres d'affaires en augmentation de 2,1% en 2014, voire de 4 % en 2016. Des données contredites par la Chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la FNAIM, qui voit des prévisions différentes. Explications.

A en croire la dernière étude Xerfi, publiée, ce mardi 28 octobre, "le ciel s'éclaircit pour les diagnostiqueurs immobiliers alors qu'il y a deux ans, le même cabinet avait dressé une analyse du marché inquiétante soulignant même que "plusieurs dangers menacent l'activité".

Vers une augmentation du chiffre d'affaires

Effectivement, après le tournant de l'exercice 2012 marqué par le choc de la demande, la première vague de recertification et la Réforme du diagnostic de performance énergétique ou DPE, la profession se structure désormais, poursuit l'étude Xerfi. Et d'annoncer d'ores et déjà que le "chiffre d'affaires du panel Xerfi augmentera ainsi de 2,1% en valeur en 2014, de 2% en 2015 et de 4% en 2016."

 

Dans une analyse dense de 230 pages, Vincent Desruelles, l'auteur du rapport intitulé "Le marché des diagnostics immobiliers à l'horizon 2016 - Quels leviers pour réduire la dépendance au marché immobilier et aux prescripteurs traditionnels ?", constate que les derniers signes encourageants de la profession ont entraîné "une baisse de l'intensité concurrentielle et une hausse des tarifs des prestations pour la première fois depuis cinq ans."

 

Et d'ajouter : "Le niveau encore élevé des mutations de logements anciens, la hausse du pouvoir d'achat immobilier des ménages ou encore les faibles taux d'intérêts ont encouragé l'embellie du secteur."

Trois leviers pour diversifier son offre

Pour réduire leur sensibilité au marché immobilier et pérenniser la remontée rapide de leur activité constatée en 2013, le cabinet Xerfi suggère que "les opérateurs ont intérêt à diversifier leur offre. Ils peuvent actionner trois leviers pour se différencier et limiter la pression sur les prix."

 

Les diagnostics copropriétés se développent et freinent la concurrence, compte tenu des exigences réglementaires comme la nécessité de disposer de la certification DPE avec mention, argumente également le cabinet Xerfi. Autre point essentiel : ce premier relais de croissance permet également aux professionnels de collaborer sur le long terme avec les syndicats de copropriétés.

 

Par ailleurs, les attestations liées aux travaux, portant notamment sur la RT 2012 et l'amiante, ouvrent aussi de nouvelles opportunités, signale l'étude. Un exemple ? Le nombre de diagnostics techniques amiante (DTA) devrait prochainement croître, suite au rapport sur les normes relatives à l'amiante déposé au Sénat durant l'été 2014, avance l'étude. Enfin, la rénovation énergétique permet de développer des activités de conseil et d'accompagnement.

Le logement "truste" la demande

Toutefois, l'auteur du rapport souligne qu'"une partie de la profession seulement peut diversifier ses activités." D'après lui, "la plupart des acteurs se concentrent de fait sur les diagnostics logement, faute de moyens et de temps pour s'offrir cette montée en compétence. Ces derniers dépendent donc des agences immobilières qui exercent une pression sur les tarifs."

 

Certains diagnostiqueurs, ajoute Vincent Desruelles, se tournent alors vers le marché BtoC, préférant s'adresser directement aux particuliers pour éviter l'étape de la prescription. Avant de donner un exemple : "La société Constatimmo, initialement tournée vers les professionnels, s'est repositionnée vers les ménages. La mise en place d'outils de devis en ligne favorise également l'ouverture du marché aux particuliers."

 

Les diagnostiqueurs contraints de recruter ?

 

Autre recommandation : face à la structuration du secteur, les diagnostiqueurs doivent recruter pour répondre à la demande. "Le niveau d'études exigé pour obtenir la certification DPE est de plus en plus élevé", ajoute Vincent Desruelles. Or, c'est une condition sine qua non, selon l'auteur de l'étude, pour pénétrer le marché des copropriétés et des bâtiments non résidentiels.

 

"Pour éviter une pénurie de spécialistes et une diminution de leur marge, certains opérateurs ont donc mis en place des offres de formation permettant de délivrer des certifications, à l'image de Diagamter ou Oméga Expertises", conclut-il. Cela leur permet aussi d'identifier de futurs salariés.

 

La chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la FNAIM réagit
Interrogé, mardi 28 octobre, Sylvain Coopman, Délégué général de la Chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la FNAIM, se veut prudent à l'égard de l'étude dévoilée par le cabinet Xerfi.
On souhaite relativiser les chiffres du cabinet Xerfi. D'ailleurs, déjà en 2011, le même cabinet affichait trop d'optimisme à l'encontre de notre profession. Pour mémoire, l'édition précédente 'Analyse du marché et prévisions 2012', publiée en mai 2011, annonçait des 'perspectives favorables à court terme'. Xerfi évaluait 'une progression significative du chiffre d'affaires de la profession en 2011 (+6%) et en 2012 (+8%)' selon leurs "prévisions exclusives", ce qui laissait déjà à l'époque notre Chambre circonspecte sur les conclusions de cette étude, alors que nos retours du terrain étaient beaucoup moins optimistes… Deux points sont essentiels, d'après nous. Premier point : il faut savoir qu'en 2014, on n'a pas retrouvé le niveau de valeur d'activité de 2007. Et second point : La mise à jour des diagnostics techniques amiante (DTA) n'est pas appliquée d'autant plus que les processus réglementaires sont compliqué. Et Sylvain Coopman de conclure : "Je pressens une augmentation de l'activité mais pas forcément liée à l'activité au chiffre d'affaires. C'est ça le paradoxe !"

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