JUSTICE. Le Français a accepté de payer une sanction financière de 778 millions de dollars aux Etats-Unis. L'ex-PDG du cimentier conteste avoir été informé des faits.

La décision vient de tomber comme un couperet. Le cimentier français Lafarge, appartenant au groupe suisse Holcim, vient d'écoper d'une amende de 778 millions de dollars aux États-Unis pour avoir aidé des organisations "terroristes" en Syrie. "Au milieu d'une guerre civile, Lafarge a fait le choix impensable de mettre de l'argent entre les mains de l'État Islamique, l'une des organisations terroristes les plus barbares au monde, afin de continuer à vendre du ciment", a indiqué le 18 octobre 2022 le procureur fédéral de Brooklyn, Breon Peace. L'entreprise a plaidé coupable et a annoncé accepter de régler cette sanction financière. Suite à la révélation de ces informations, l'action de Holcim a été temporairement suspendue à la Bourse suisse le 18 octobre.

 

Le cimentier a déclaré dans un communiqué "accepter la responsabilité des actions des dirigeants individuels impliqués, dont le comportement était en violation flagrante des codes de conduite", ajoutant "regretter profondément" ces actes. Selon lui, le ministère américain de la Justice a reconnu que le groupe avait mis en place des procédures de contrôle appropriées pour désormais détecter, et éviter, toute conduite de cette nature et avait en conséquent estimé qu'il n'était "pas nécessaire" de nommer un contrôleur indépendant.

 

L'ex-PDG de Lafarge Bruno Lafont a réagi ce mercredi 19 octobre. Selon ses avocats, il "conteste fermement avoir jamais été informé de quelconques paiements au bénéfice de groupes terroristes ou d'approvisionnements auprès de tels groupes" en Syrie. Dans un communiqué, il a accusé Holcim d'avoir mené une enquête "exclusivement à charge" contre lui. "Il apparaît au fil des témoignages et des révélations des protagonistes de ce dossier, que la soi-disant enquête menée par Holcim est entièrement et exclusivement à charge contre Bruno Lafont et les anciens dirigeants du groupe Lafarge et qu'Holcim s'est systématiquement opposé à la recherche de la vérité. Cela interroge sur la nature des faits et des responsabilités reconnus par Lafarge aux États-Unis, sous la conduite d'Holcim."

 

Inculpé en France

 

En France, Lafarge a été mis en examen pour "complicité de crimes contre l'humanité" et est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes terroristes. Parmi ces groupes, il y aurait le groupe État islamique (EI) et des intermédiaires. Ces versements auraient été faits pour maintenir l'activité d'une cimenterie en Syrie à Jalabiya, tandis que le pays était en guerre. Ces versements pourraient s'élever entre 4,8 et 10 millions d'euros pour le seul groupe EI, selon l'enquête des autorités françaises.

 

Lafarge assure continuer de coopérer pleinement avec l'enquête des autorités françaises sur le même sujet. Avant d'ajouter qu'il se dit prêt à "se défendre contre toute action judiciaire qu'il considère injustifiée". Bruno Lafont a également été mis en examen pour financement du terrorisme dans le cadre de l'information judiciaire ouverte depuis 2017 à Paris. Il dit toutefois souhaiter être réentendu par les juges d'instruction pour "évoquer certains éléments récents", "solliciter la déclassification de certains documents" et "l'audition de certaines personnes susceptibles d'apporter de nouveaux éléments sur le dossier".

 

 

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