Un rapport parlementaire précise que "rien ne permet d'établir" un lien entre le cimentier français et le financement, direct ou indirect, de l'Etat islamique installé en Syrie et en Irak. Il vient contredire un article du Monde, publié au mois de juin 2016, qui laissait entendre que Lafarge avait versé des taxes aux terroristes de Daesh afin de continuer à exploiter son usine de Jalabiyah (gouvernorat d'Alep).

Le cimentier Lafarge avait été mis en cause, par le journal Le Monde, pour avoir payé des taxes à l'organisation Etat islamique (EI) entre 2013 et 2014 pour pouvoir continuer à faire fonctionner son unité de Jalabiyah. Récemment rénovée (2010), elle produisait annuellement près de 3 millions de tonnes de ciment avant que les opérations ne soient suspendues et que les terroristes ne s'emparent du site pour l'incendier. Le groupe français réfutait tout "arrangement" et insistait sur la priorité donnée à "la sécurité et la sûreté de son personnel". Une position que semble corroborer aujourd'hui un rapport parlementaire consacré à l'organisation EI et à ses moyens de financement.

 

Aucun financement de Daesh

 

Le document de la mission d'enquête précise : "Les éléments auxquels la mission a pu avoir accès ne confirment en rien ces accusations. Rien ne permet d'établir que le groupe, ou ses entités locales, ont participé directement ou indirectement, ni même de façon passive, au financement de Daesh". L'article du Monde évoquait des mails et tractations afin de maintenir "coûte que coûte" l'activité de l'usine en période de guerre. Les enquêteurs parlementaires répliquent : "Le fait d'essayer de préserver le site, malgré les risques, a pu apparaître ambigu et générer des soupçons. Des comportements individuels les ont aussi alimentés". Ils font ici allusion à d'éventuels intermédiaires, évoqués par le quotidien national, qui auraient proposé le versement de fonds aux islamistes. Cependant, rien ne semble avéré.

 

Des conclusions qui devraient satisfaire Danielle Simonnet, conseillère parisienne du Parti de Gauche, qui, ce mardi 19 juillet demandait à ses collègues de boycotter Lafarge, partenaire de la ville pour l'opération "Paris Plage". Elle réclamait notamment que ne soit pas voté l'usage "du financement d'un partenaire, Lafarge, qui lui n'a pas hésité à collaborer avec Daesh". Allant plus loin, elle n'avait pas hésité à déclarer : "Le sable que nous allons mettre sur les plages… eh bien il y a du sang sur ces plages". L'élue souhaitait que d'autres partenaires soient trouvés pour mener cette opération de loisir public. Sera-t-elle convaincue par le contenu du rapport parlementaire qui dédouane totalement le cimentier ?

 

Lafarge déjà ciblé par des terroristes islamiques

 

Le groupe Lafarge, implanté dans une soixantaine d'Etats du monde, possède des installations dans plusieurs régions du globe touchées par des conflits armés, notamment en Ukraine, en Irak ou en Afrique sub-saharienne. Une autre cimenterie avait d'ailleurs déjà été prise pour cible par les fondamentalistes religieux de Boko Haram au Nigéria, en décembre 2014. Il n'y avait toutefois pas eu de victimes, ni de dégâts dans les installations qui avaient continué de fonctionner.

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