Une enquête de nos confrères du Monde révèle que Lafarge aurait été impliqué dans le financement de l'organisation Etat islamique, à travers sa cimenterie de Jalabiyeh en Syrie, entre 2013 et 2014. Le groupe LafargeHolcim répond.

Entre le printemps 2013 et l'été 2014, Lafarge aurait travaillé avec l'Etat islamique (EI), révèle une enquête du journal Le Monde. Le quotidien français indique ainsi que la cimenterie du groupe à Jalabiyeh, située à 160 km au nord-est d'Alep, aurait payé des taxes à l'organisation « afin de continuer à fonctionner pendant la guerre ».

 

Acquise par Lafarge en 2007, la cimenterie est rénovée pour entrer en service en 2010, soit un an avant le début de la guerre civile. Jusqu'en 2014, elle atteint une capacité annuelle de trois millions de tonnes, nous précise le groupe, « approvisionnant environ un tiers du marché local, répondant à un besoin de première nécessité de la population et aux besoins de développement économique de la Syrie ».

 

Le groupe botte en touche

 

Mais c'est justement durant cette période que Lafarge est mis en cause par Le Monde. Qui précise qu'à partir de 2013, la présence de l'EI dans la région « a contraint la cimenterie à négocier des droits de passage aux checkpoints tenus par les djihadistes pour ses camions ». Avant d'ajouter que le groupe « a aussi fallu se fournir auprès des négociants en pétrole, dont les champs étaient tenus par l'EI ». Ce n'est qu'en septembre 2014 que l'organisation s'empare du site et que Lafarge « suspend les opérations de l'usine », nous précise le groupe. « A cette date, l'ensemble des collaborateurs a été évacué, mis en congés payés et l'accès à l'usine leur a été interdit », ajoute-t-il.

 

Point de précisions sur ses soi-disants « arrangements » avec l'EI, le groupe explique seulement : « Lorsque le conflit s'est rapproché de la zone de l'usine, la priorité absolue de Lafarge a toujours été d'assurer la sécurité et la sûreté de son personnel, tandis que la fermeture de l'usine était étudiée ».

 

Le quotidien avance également qu' « à deux reprises, un intermédiaire a proposé au groupe français de relancer la cimenterie sous la protection de l'EI et en échange d'un partage des bénéficies. Sans succès ». Aujourd'hui, le site, désaffecté, servirait de base aux forces spéciales occidentales, françaises, américaines et britanniques.

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