Après dix années de réflexion et d'attente, les élus locaux ont désormais leur "banque" : la nouvelle agence de financement des collectivités locales, pour laquelle le chef de l'Etat avait donné son feu vert politique en novembre 2012, a été créée un an après ce mardi 22 octobre 2013. Le premier cercle de l'entité est composé désormais de onze collectivités pour dépasser les 30 d'ici la fin de l'année. Réactions.

Ce mardi 22 octobre 2013, onze élus des collectivités dont trois villes*(Ndlr : Bordeaux, Grenoble, Lons-le-Saunier) fondatrices de l'"Agence France locale" (AFL) ont été appelées à se réunir, au siège de l'AMF, à Paris, pour le tout premier conseil d'administration de l'entité, en présence de Marylise Lebranchu et Anne-Marie Escoffier, toutes deux ministres de la Réforme de l'Etat et la Décentralisation.

 

"Ce conseil d'administration se verra adjoindre un conseil d'orientation, composé des cinquante premières collectivités adhérentes, cette fois de toutes tailles", a précisé Jacques Pélissard, président de l'association des maires. Et de rappeler l'objectif et l'enjeu de la création de leur banque : "Cette structure aura pour mission d'aller chercher de l'argent sur les marchés pour le compte des collectivités volontaires. Par ailleurs, c'est le premier aboutissement d'un long chemin politique. Il a fallu convaincre le Gouvernement, le Parlement, mais surtout Bercy très hésitant, et le chef de l'Etat, et ce à plusieurs reprises, pour en arriver là." Avec la promulgation de la loi bancaire le 26 juillet dernier, les collectivités locales ont aussi obtenu le "feu vert législatif" pour fonder leur agence de financement.

 

Assurer et sécuriser les besoins financiers des collectivités
Après la disparition de Dexia et le désengagement du marché par les banques privées, le premier objectif de cette banque est d'assurer et sécuriser les besoins financiers des collectivités locales. "La situation que nous avons connue en 2008-2009, avec un tarissement de la liquidité peut se reproduire. La crise a donc mis à jour la dangerosité du financement exclusivement bancaire des investissements locaux", nous ajoute Philippe Laurent, maire de Sceaux et président de la commission Finances à l'AMF.

 

"En panne, en effet, sous la gouvernance de François Fillon puis relancé sous celui de Jean-Marc Ayrault, le projet a bien failli cependant ne pas voir le jour", tant la défiance vis-à-vis de l'endettement du secteur public local est grande, notamment dans un contexte de réduction de la dépense publique.

 

Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l'Etat, a salué "cette société publique entièrement détenue par les collectivités locales adhérentes. L'Agence permettra ainsi d'apporter un financement complémentaire à l'offre bancaire. Les collectivités pourront emprunter à meilleur coût, ce qui stimulera l'investissement pour la construction d'équipements publics tels que les écoles ou les routes."

 

Rassurer les partenaires
Par ailleurs, Jacques Auxiette, président de la Région Pays-de-la Loire, une des premières collectivités fondatrices et adhérents de l'AFL, nous témoigne: "Cette nouvelle entité traduit la maturité des collectivités locales et une certaine émancipation aussi par rapport au pouvoir central et au ministère des Finances qui nous considère toujours comme clientéliste ou irresponsable. Une chose est sûre : cette banque rassurera les acteurs et partenaires de projets publics. C'est l'objectif."

 

"Le plus dur c'est maintenant"
Chaque commune, département ou région souhaitant bénéficier des services de l'agence devrait réaliser un apport en capital qui sera fonction de son encours de dette au 31 décembre 2012. L'objectif que se fixent les élus est de commencer à émettre des emprunts à la fin de l'année 2014. "Le plus dur c'est maintenant, admet Philippe Laurent, spécialistes des questions de financement. L'entité juridique est certes créé, mais il va falloir faire face à la concurrence des banques dans ce secteur pour proposer des taux avantageux."

 

"A chaque demande de prêt, l'agence se doit de vérifier la situation financière de ses membres", a déclaré aussi Olivier Landel, le directeur général l'AFL, devant la presse. En cas de dérapage, "une collectivité se verrait appliquer un tarif plus élevé, voire même refuser un prêt certaines années."

 

 

*Le premier cercle des onze collectivités
Région Pays-de-la-Loire; Conseil général de l'Aisne ; Conseil général de Savoie; Conseil général de l'Essonne; ville de Bordeaux; ville de Grenoble, ville de Lons-le Saunier ; Communauté Urbaine de Lille; Communauté Urbaine de Lyon ; Communauté d'agglomération de Valenciennes ; Communauté d'agglomération de la Vallée de la Marne. L'objectif que se fixe l'AFL est de réunir près de collectivités d'ici à la fin de l'année.

 

**Acuf : Association des communautés urbaines de France (ACUF)
**Amgf : Association des maires des grandes villes de France

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