En 2020, 70 % des déchets du BTP devront être recyclés, contre 40 % aujourd'hui. Afin d'y parvenir, les professionnels s'organisent : Federec (fédération des entreprises du recyclage) vient de créer une nouvelle branche dédiée à la gestion des déchets de chantiers, Federec BTP. Zoom.

Federec BTP est née. L'assemblée constituante de ses quarante premiers membres vient de se réunir et de porter à sa tête Erwan Le Meur, directeur délégué de Paprec Recyclage en charge des déchets de chantier. Sa tâche ? Organiser la filière industrielle du retraitement en France et l'inscrire dans la politique actuelle. "Il y a trois grandes initiatives nationales, résume le nouveau président, le plan du Conseil national des déchets, pour la période 2015-2025 dont l'enjeu déterminant est le recyclage des 250 millions de tonnes de déchets du BTP, le plan pour une nouvelle France industrielle qui a pris du retard avec le remaniement ministériel, et le projet de loi sur la transition énergétique qui fait état du recyclage des matières issues du BTP".

Une opportunité pour les entreprises françaises

Autant d'initiatives qui doivent permettre aux sociétés françaises de se placer sur ce marché, peut-être en offrant une opportunité de diversification de leur activité. "Cela apporte une dynamique dans un climat de morosité ambiante", estime Alfred Rosales, directeur général de Federec, qui poursuit : "C'est une preuve de courage que de passer d'une vision de groupe de travail - qui a œuvré pendant 2-3 ans - à celle de filière organisée". Avec quarante entreprises adhérentes, Federec BTP n'entend pas concurrencer le Syndicat des Recycleurs du BTP, une émanation du FFB. "Au contraire, nous allons établir un partenariat avec ce syndicat, car nous nous retrouvons sur certains métiers et certains de nos adhérents, comme Yprema. Mais nous avons peut-être une plus grande diversité de ces métiers, liée aux différents matériaux (amiante, bois, béton, plastiques…). Nous sommes donc complémentaires et pas du tout concurrents", assure Erwan Le Meur.

 

Le président fraîchement élu définit trois priorités pour la nouvelle branche de Federec, la première à voir le jour depuis 15 ans. "La première est de pouvoir compléter largement le maillage des installations de tri et de recyclage des déchets du BTP, car la France est en retard. Le pays fait trop la part belle à l'enfouissement", explique-t-il. Le territoire serait, en fait, inégalement équipé, l'Île-de-France, région la plus pourvoyeuse de déchets étant particulièrement en retard, contrairement à l'Est du pays et au Nord, en pleine évolution. "Ensuite, il faut mettre en relation les producteurs de matériaux de construction et les recycleurs qui ne se connaissent pas", poursuit Erwan Le Meur, évoquant l'anticipation attendue de la déconstruction des bâtiments dès le stade de la conception. "Enfin, la troisième priorité sera la formation et l'information, encore embryonnaires en France. Les étudiants architectes, élèves ingénieurs et techniciens n'ont pas de connaissances spécifiques sur les déchets de chantier", déclare-t-il.

De hautes ambitions encore freinées

Des ambitions qui semblent possibles à atteindre, selon l'intéressé : "Nous avons la capacité, avec trois majors du BTP dans notre pays, qui manifestent leur intérêt. Mais il faut leur donner les capacités de tri nécessaires !". La filière souhaite apparaître comme créatrice d'emplois non délocalisables, avec 4.500-5.000 emplois créés à la clef d'ici à 2020. "Nous souhaitons faire émerger de nouvelles technologies de valorisation pour des matériaux aujourd'hui difficiles à recycler", précise Erwan Le Meur. Mais des difficultés persistent : le diagnostic des déchets lors des opérations de démolition, rendu obligatoire par la réglementation de 2012, ne serait réalisé que dans 10 % des cas. "Il faut obliger à la réalisation de ce diagnostic au moins sur les chantiers de démolition de gros bâtiments, de plus de 1.000 m²", estime le président de Federec BTP. De même, le projet de texte de loi qui sortirait les granulats de leur actuel statut de déchet présenterait quelques défauts. "La formulation n'est pas claire et les contraintes imposées ne satisfont pas la profession. Le texte tel qu'il est proposé risque même de pénaliser les quantités pouvant être admises dans le circuit de recyclage", déplore-t-il, espérant une simplification du texte avant sa publication. Car, si les travaux publics font figure de bons élèves, la grande majorité des déchets du BTP provient du bâtiment, avec plus de 200 millions de tonnes par an, dont seule une infime partie est retraitée.

 

La France parviendra-t-elle à s'inspirer des expériences d'autres pays de l'Union européenne, comme le Danemark, toujours en pointe dans les thématiques environnementales, ou la Grande-Bretagne, pays où la situation a rapidement évolué suite à l'adoption d'une taxe à l'enfouissement ? Les responsables de Federec souhaitent y parvenir pour développer une véritable économie circulaire.

 

Federec BTP en quelques chiffres :
40 adhérents sur 60 entreprises identifiées
250 millions de tonnes de déchets du BTP à recycler dont 200 Mt provenant du bâtiment
Objectif de 175 Mt à recycler en 2020
4.500 à 5.000 nouveaux emplois potentiels

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