Les prévisions de la FFB restent mitigées. Après un recul de l'activité de 5,1 % en 2014, soit de 20 % depuis 2008, son président Jacques Chanut s'attend à un repli moindre de 1,5 % en 2015. La fédération redoute toutefois la disparition de 30.000 emplois, équivalent-emplois à temps plein sur l'année en cours, qui s'ajouteraient aux 28.700 perdus l'an dernier. Explications.

"Quelques premiers signes d'un retournement pointent à l'horizon. Le bâtiment commence à entrevoir le bout du tunnel", annonce, ce mercredi 25 mars, la Fédération française du bâtiment.

 

 

Toutefois, après un recul de l'activité de 5,1 % en 2014, soit de 20 % depuis 2008, son président Jacques Chanut s'attend à un nouveau repli global de 1,5 %, avec respectivement 3,8 % pour le logement neuf, -9,4 % pour le non-résidentiel neuf et enfin +1,7 % pour l'amélioration-entretien. "L'année 2015, dans le prolongement des quatre années précédentes, se soldera néanmoins par de nouvelles pressions déflationnistes et par une poursuite de l'érosion des trésoreries", tonne Jacques Chanut.

 

Conséquence directe, la FFB redoute la disparition de 30.000 emplois, équivalent-emplois à temps plein sur l'année en cours, qui s'ajoutent aux 28.700 perdus en 2014 dont 4.900 intérimaires, sur un effectif global de 1,1 million de salariés.

Effets du Plan de relance attendus à partir de mai...

Dans le neuf, la FFB table sur une nouvelle baisse en 2015 de 3,8 % malgré une "petite hausse" (1,1%) des ouvertures de chantier. Le secteur atteindrait ainsi, en 2015, les 360.000 logements neufs, soit une hausse de 4.000 unités par rapport à l'année 2014 (356.000 unités). Un constat de redressement à prendre en compte : "Les faibles évolutions affichées pour 2015 masquent des progressions bien plus fortes qu'il n'y paraît", estime Jacques Chanut. Avant de reconnaître que "sans le Plan de relance, seuls 343.000 logements auraient été commencés en 2015." "Et compte tenu des délais de réalisation, les effets du Plan ne se feront véritablement sentir en termes de mises en chantier qu'à compter de mai 2015, au mieux", ajoute-t-il.

 

Les mesures du Gouvernement permettraient de construire 25.000 logements supplémentaires en année pleine, estime la FFB, qui retient le scénario d'une croissance du PIB de 1,1% au lieu de +0,8% anticipé en décembre.

 

En revanche, la fédération est inquiète sur le secteur du non-résidentiel, qui devrait accuser un fort recul de 9,4 % soit 24.463 unités : "Le marché ne redémarre pas après un repli relevé en 2014 de -6,4%", martèle le président de la FFB. Enfin sur le segment de l'amélioration-entretien, la baisse de production de 1,7 % en 2014 cèderait la place à une hausse de même ampleur cette année, hors effet prix, principalement en lien avec le report de chantiers initialement envisagés en 2014. En clair : "Le vif recul de 2014 s'établit à -5,1% en volume et la tendance 2015 s'alourdit par rapport aux prévisions de décembre 2014, avec -1,5% contre -0,4% initialement prévu", détaille Jacques Chanut.

 

Et d'insister sur le fait que "les prévisions risquent d'évoluer assez largement au cours de l'année, au fur et à mesure que les nouvelles séries dans le logement neuf sont mieux maîtrisées."

Quels leviers ?

Dans une vision volontairement optimiste, l'activité progresserait d'après les dirigeants de la FFB sous les effets de la mise en place du Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) et de l'éco-conditionnalité. "Mais force est cependant de constater qu'à court terme, le marché reste hésitant, et que sur le moyen terme, la rénovation énergétique reste très en deçà des espoirs comme des besoins", souligne Jacques Chanut.

 

La solution ? "Une énième relance de la primo-accession, compte-tenu de l'effort exceptionnel des HLM et du redémarrage de l'investissement locatif privé. Rien ne se fera sans un nouvel allongement des différés de remboursement du PTZ+ pour les ménages modestes", ajoute-t-il. Quant à l'Eco-prêt à taux zéro dans le collectif, dont le décret a été entériné la semaine dernière,"on attend toujours le transfert, les banques tardent à le mettre en œuvre", peste-t-il.

"La fiche pénibilité ? C'est vraiment du pipeau"

Parmi les autres sujets abordés ce mercredi, la récente publication du décret sur la fiche pénibilité des travailleurs temporaires et d'une première instruction ministérielle. "Mais à quoi sert la fiche individuelle, si ce n'est à permettre au salarié de contester sa non-exposition et d'opposer la fiche pour faire reconnaître un préjudice d'anxiété ? Cette fiche, c'est vraiment du pipeau", s'insurge Jacques Chanut.

 

Un sujet qui inquiète la fédération : "On sent la colère des entreprises sur le terrain, une sorte de poujadisme, d'autant plus marquée par les derniers résultats des élections départementales", confie son président.

 

 

A propos de la polémique autour du RSI, il déclare : "Il ne faut jeter le bébé avec l'eau du bain, poursuit-il. On souhaite dire que l'affiliation est obligatoire tout en changeant la gouvernance du système."

 

Enfin, interrogé par Batiactu, sur l'avenir du Pacte de Responsabilité, Jacques Chanut reconnaît que la signature de la branche bâtiment prend plus de temps que prévu. "On a toujours espoir de le signer", glisse-t-il, avant de saluer cette fois-ci "la grande maturité des partenaires sociaux qui sont parvenues ces jours-ci à se mettre d'accord sur les outils de formation. C'est un bon signe."

 

Ethibat pour lutter contre le travail illégal en Haute-Garonne
La fédération BTP de Haute-Garonne vient de lancer la charte Ethibat imposant aux entreprises des conditions éthiques pour lutter contre le travail illégal. Cette fédération aux 450 adhérents (dont 70 % ont moins de 20 salariés) représentant en Haute-Garonne près de 11.000 salariés rappelle les derniers chiffres de l'URSSAF en 2014 : les redressements relatifs à la lutte contre le travail illégal sont estimés à 10 millions d'euros dans la région, souligne-t-elle dans un communiqué.

 

D'après Frédéric Carré, président de la FBTP 31, la signature de cette charte éthique est destinée à mettre en valeur "ceux qui respectent les règles". Au final, 150 entreprises du département se sont engagées à signer cette charte qui repose sur sept points : privilégier l'emploi local, contribuer à la protection de l'environnement et au développement de l'économie durable en valorisant les fournisseurs et sous-traitants de proximité, garantir des conditions d'emploi et de travail légales, avoir souscrit les assurances obligatoires, présenter une offre économique responsable (pas de vente à perte), respecter les obligations de formation, développer l'apprentissage et l'insertion et enfin exercer une pratique légale de la sous-traitance. "Chaque entreprise souhaitant obtenir le label remet un dossier avec indicateurs chiffrés et éléments tangibles sur chiffre d'affaires, effectifs, part et origine de l'intérim", complète la FBTP 31.

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