Pourquoi Montpellier s'est-elle lancée dans des grands chantiers d'architecture ces dernières années ? Pourquoi ces choix ? Les réponses de la maire, Hélène Mandroux.

Batiactu : Comment est née l'idée de faire de Montpellier une capitale architecturale ? Le quartier Antigone est-il le point de départ ? Quelle est sa genèse ?

 

Hélène Mandroux : Initié à la fin des années 70, le quartier Antigone marque pour Montpellier le début d'un projet urbain ambitieux : celui de développer la ville vers la mer et reconquérir son fleuve, le Lez. Antigone a été un laboratoire de croissance urbaine. Ce nouveau quartier a vu l'application de tous les principes qui fondent le projet urbain à Montpellier : la mixité sociale et fonctionnelle, la desserte par les transports en commun, la présence d'équipements publics, des espaces publics de qualité, lieux de convivialité, d'animation et de lien social. Antigone marque également le souhait d'innover, avec une version contemporaine du centre historique. C'est aussi une réponse en matière d'habitat pour tous (25 % de logements sociaux, soit plus de 1.000 en cœur de ville et de l'accession libre) avec la même qualité architecturale et une prouesse technique.

 

Batiactu : Certains projets sont vivement critiqués, notamment le territoire Antigone parfois défini comme une verrue, que répondez-vous à ces détracteurs ?

 

Hélène Mandroux : Antigone est la première opération de renouvellement urbain à Montpellier. Elle relevait un véritable défi. Ce fut l'occasion d'élargir le centre, d'amener la ville jusqu'au Lez et de composer l'espace public avec ses places, ses esplanades, ses ouvertures, ses fontaines, son parti pris architectural. Des programmes d'équipements publics se sont intégrés dans cet ensemble : piscine olympique et médiathèque régionale, l'une signée de l'architecte catalan, père d'Antigone, Ricardo Bofill, l'autre dessinée par Paul Chemetov, l'un des plus grands architectes français. Depuis, trois lignes de tramway et deux marchés s'y sont implantés.

 

Batiactu : Qu'apportent ces réalisations contemporaines signées par des grands noms de l'architecture à la ville ?

 

Hélène Mandroux : Inviter des architectes du monde entier qui portent des idées d'humanisme et de partage d'innovations permet de créer une véritable émulation et de développer une expertise en termes de construction urbaine. Ces réalisations contemporaines contribuent également à valoriser la notoriété du territoire et faire de Montpellier une référence en matière d'architecture.
Elles sont aussi sources de fierté et de mieux-être pour tous les Montpelliérains. L'esthétique des bâtiments publics contribue à l'identité et l'attractivité de la ville et à son appropriation par tous. Enfin, l'exigence environnementale est aussi au cœur de telles constructions car le respect de la biodiversité, des espaces verts et des économies d'énergie… conduit nos choix architecturaux.
Ces projets, dont l'ambition architecturale est renouvelée en permanence, sont les témoins d'un territoire dynamique, des signaux d'innovation. Ils montrent que la ville va de l'avant et qu'elle est un laboratoire de créativité.

 

Batiactu : Que répondez-vous à ceux qui évoquent l'effet marketing de ces choix architecturaux ?

 

Hélène Mandroux : C'est une évidence : l'architecture est, depuis les années 80, un outil de marketing territorial. Mais les projets sont réels et vont au-delà : l'architecture de qualité est au service d'un projet de ville et de ses habitants. L'architecture est aussi un outil d'attractivité pour attirer les investisseurs, pour stimuler l'attractivité économique et créer de l'emploi et des richesses.
En faisant des efforts de qualité architecturale, la Ville contribue au mieux-être de tous et s'assure que les immeubles et les quartiers construits conserveront leur valeur dans la durée. Cette architecture innovante n'est surtout pas maniérée ou clinquante, elle se veut simplement belle. Et peut-être qu'en période de crise, c'est un élément encore plus fondamental !

 

Propos recueillis par Céline Galoffre

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