CONJONCTURE. Les coûts de production dans le secteur de la construction ont enregistré des évolutions diverses fin 2022 mais demeurent extrêmement hauts. Bien qu'une décrue semble se confirmer sur plusieurs mois, la situation affecte inexorablement le climat des affaires entre professionnels.

La situation économique demeure compliquée dans le secteur de la construction. Après un exercice 2022 déjà largement marqué par l'inflation des matériaux, l'année 2023 pouvait laisser penser que la hausse des prix marquerait le pas. Les index bâtiment et travaux publics de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) arrêtés au mois de septembre 2022 témoignaient en effet d'une baisse des coûts de la construction. Le recul n'était certes pas flagrant mais il était réel.

 

 

Depuis, la conjoncture a peu changé mais les tendances de fond semblent s'affirmer. L'institut vient de dévoiler ses indices des coûts de production dans le BTP pour le 4e trimestre 2022, qui augmentent timidement de 0,2% par rapport au 3e trimestre 2022. Dans le détail, ce ralentissement se constate sur certains segments d'activité, comme les travaux de construction spécialisés (+0,8% après +1,8%) ou la construction de bâtiments (+0,2% après +1,5%).

 

Baisse des coûts des matériaux

 

La baisse des coûts des matériaux de construction (-2% après +1,6%), engendrée par la diminution des prix des produits sidérurgiques nécessaires à leur fabrication, en est l'explication principale. On parle également de baisse s'agissant des coûts de production dans le génie civil (-2,6% après -0,3%), conséquence là aussi du recul des coûts des matériaux destinés aux infrastructures (-6,4% après -4,5%), et particulièrement des prix du bitume.

 

En établissant une comparaison sur un an, l'Insee confirme davantage encore la décrue des coûts de production dans le BTP : ceux-ci ont progressé de 7,7% au 4e trimestre 2022 après avoir grimpé de 9,3% au 4e trimestre 2021. Cette décélération s'observe sur bien d'autres segments d'activité et sur le même laps de temps : le génie civil enregistre +8,0% après +14,3%, la construction de bâtiments +7,8% après +8,9%, et les travaux spécialisés de construction +7,5% après +8,2%.

 

Manque de bras

 

Autrement dit, si l'inflation impacte évidemment toujours les artisans et entreprises de la construction, celle-ci est malgré tout en train de se tasser. En attendant, la situation affecte inexorablement le climat des affaires entre professionnels. Les chefs d'entreprises du bâtiment interrogés par l'Insee en mars 2023 parlent d'une nouvelle dégradation de leur activité. S'ils portent un regard positif sur leurs chantiers passés (+6%), ils se montrent en revanche plus pessimistes pour ceux à venir (+2%).

 

 

L'institut note également que les dirigeants sondés sont moins nombreux qu'auparavant à considérer leurs carnets de commandes comme supérieur à la normale (-8% en mars après -7% en février). "Compte-tenu de leurs effectifs, les entrepreneurs du bâtiment estiment que leurs carnets de commandes leur assurent 8,5 mois de travail, une durée en baisse et au plus bas depuis mars 2021 mais qui demeure cependant au-dessus de sa moyenne de longue période (6 mois)", souligne la note de conjoncture de l'Insee.

 

Sur le plan de la production, deux dirigeants sur trois affirment rencontrer des difficultés qui limitent de fait leur activité. En mars, ils ont été 45% à déclarer faire face à un manque de bras - contre 49% en février - et 17% à subir des problèmes d'approvisionnement - contre 33% en octobre 2022. Pour autant, une entreprise sur deux indique être à la limite de ses capacités de production et ne pourrait donc pas honorer de nouvelles commandes, la première raison invoquée étant le manque de personnel (pour 27% d'entre elles).

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