SINISTRE. Suite à l'incendie qui a ravagé une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris ce 15 avril 2019, de nombreux acteurs publics comme privés se mobilisent pour débloquer des fonds. La reconstruction du mythique édifice qui trône au coeur de Paris depuis le XIIe siècle, symbole de l'Histoire de France, ne semble pas discutable.

C'est une tragédie comme l'Histoire en a malheureusement souvent connu : ce lundi 15 avril 2019, un incendie (vraisemblablement accidentel) a ravagé une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, détruisant la toiture et les charpentes en bois, et faisant s'effondrer une partie de la voûte ainsi que la flèche (d'une hauteur de 96 mètres). Après toute une nuit de mobilisation, les 400 pompiers de Paris dépêchés sur place sont parvenus à maîtriser le feu, permettant à ce monument symbole de la Chrétienté et de l'Histoire de France d'échapper au désastre. Une partie des trésors renfermés dans ce lieu prestigieux a pu être sauvée, à l'instar de la couronne d'épines du Christ ou de la tunique de Saint-Louis. Quoi qu'il en soit, l'heure est maintenant à l'expertise. Et bien qu'aucune victime ne soit à déplorer, en-dehors d'un soldat du feu blessé, les dégâts matériels sont, eux, colossaux. Certes, il est encore bien trop tôt pour chiffrer les dégâts de l'incendie. Cependant, la reconstruction, même si elle s'annonce titanesque, ne semble pourtant pas discutable pour les acteurs publics et privés et, plus largement, pour la population française.

 

Les collectivités territoriales et les élus locaux en première ligne

 

Dès le lundi 15 avril au soir, le président de la République Emmanuel Macron - qui devait d'ailleurs prendre la parole pour dévoiler ses décisions suite au grand débat national, une allocution reportée vu le contexte - a annoncé, en se rendant sur place, qu'une souscription nationale allait être lancée pour rebâtir le joyau gothique du XIIe siècle, qui a traversé les âges et vu passer rois, empereurs (Napoléon Ier s'y est fait couronner le 2 décembre 1804) et présidents de la République. Dans le courant de la nuit et dès le matin du 16 avril, les annonces de dons se sont succedées. A commencer par les acteurs institutionnels : Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a indiqué chez nos confrères de Radio Classique que sa collectivité déboursera 10 millions d'euros. Par la suite, c'est la maire de la capitale, Anne Hidalgo, qui a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 50 millions d'euros. L'édile a par ailleurs proposé d'organiser "une conférence internationale des donateurs", qui prendrait place à l'Hôtel de ville et accueillerait des mécènes des quatre coins de la planète. L'historien Franck Ferrand a lui aussi fait part de son émotion sur Twitter, appelant néanmoins à un nouvel espoir.

 


 

Toujours chez les élus locaux, l'Association des maires de France a fait savoir qu'elle lançait "une souscription de solidarité des communes". La Métropole du Grand Paris lui a emboîté le pas : son président, Patrick Ollier, a demandé aux 131 maires de la structure intercommunale de se mobiliser en faveur du chantier de reconstruction, en proposant que les dons soient centralisés par la métropole. "Quelles que soient nos convictions religieuses, Notre-Dame de Paris fait partie du patrimoine national et la Métropole du Grand Paris se devait de prendre une initiative pour coordonner, dans le cadre d'une souscription, l'action des communes de son périmètre", a déclaré Patrick Ollier. La mobilisation dépasse toutefois le périmètre de la seule région parisienne : dans un tweet, le maire de Châteauroux (préfecture de l'Indre), Gil Avérous, annonce qu'une "aide exceptionnelle de 10.000 €" sera votée lors du conseil municipal du 22 mai. De même, le président du conseil départemental de l'Eure, Patrick Lehongre, a annoncé que sa collectivité voterait "50.000 € pour aider à la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris, lors de la prochaine commission permanente du 13 mai".

 


 


 

 

La Fondation du Patrimoine ouvre une collecte nationale

 

Les Français désireux de participer à l'effort national peuvent également se tourner vers la Fondation du Patrimoine, qui lance une souscription via son site Internet www.fondation-patrimoine.org et une page dédiée https://don.fondation-patrimoine.org/SauvonsNotreDame/ . L'organisation précise dans un communiqué avoir déjà reçu de très nombreuses sollicitations et un afflux conséquent de connexions à son site. La collecte sera accessible dès midi, ce mardi 16 avril. La Fondation précise en outre qu'aucun frais de gestion ne sera prélevé, et que l'ensemble des dons "donneront lieu à l'émission d'un reçu fiscal (impôt sur le revenu / impôt sur les sociétés / impôt sur la fortune immobilière)".

 

Se posera ensuite la question de la fiscalité applicable à ces dons. Plusieurs pistes ont déjà été évoquées, mais le ministre de la Culture Franck Riester a précisé sur France Inter : "Nous allons voir avec le Gouvernement quel dispositif spécifique nous mettons en oeuvre, mais bien évidemment l'Etat sera là auprès de tous nos compatriotes pour reconstruire".

 

 

Le secteur privé et l'international se positionnent pour financer la reconstruction

 

Côté privé, la mobilisation est aussi de mise : la famille Pinault, propriétaire du groupe de luxe Kering, a déclaré qu'elle allait débloquer 100 millions d'euros, tandis que la famille Arnault, qui possède le groupe LVMH, consacrera 200 millions d'euros à la reconstruction de Notre-Dame. Quant à la famille Bettencourt, à la tête de l'empire L'Oréal, elle déboursera 200 millions d'euros à cette fin. Le major du BTP Vinci s'est également saisi du sujet, en proposant "à tous les constructeurs de France d'unir leurs forces pour rebâtir Notre-Dame de Paris", par le biais d'un "mécénat de compétence" qui "pourrait s'organiser sous l'égide de la Fondation du Patrimoine et permettrait d'engager la reconstruction dans les plus brefs délais, afin que Paris retrouve sa cathédrale". Admettant que "rien ne remplacera jamais les charpentes du XIIIe siècle", le groupe Vinci "propose d'ores-et-déjà d'apporter une partie du financement dans le cadre de la souscription nationale et en proposant à ses salariés de s'associer à l'effort collectif, d'assister les Architectes des monuments historiques afin d'évaluer les efforts nécessaires, et de participer à la reconstruction si sa contribution est jugée utile par les décideurs publics".

 

Mais la mobilisation pour rebâtir la mythique cathédrale dépasse les frontières de l'Hexagone. Plusieurs personnalités politiques des Etats-Unis ont exprimé sur Twitter leur sollicitude envers les Français, à l'image du président Donald Trump (même si son idée de recourir à des Canadair était loin de faire l'unanimité) ou de son prédécesseur, Barack Obama. En outre, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a aussi apporté le soutien de son pays, historiquement lié à la France.

 


 

L'Unesco, qui a inscrit la cathédrale Notre-Dame de Paris au Patrimoine mondial de l'Humanité en 1991, a également promis d'apporter son soutien à la France pour rebâtir ce joyau, alliant lieu de culte, symbole de l'Histoire de France et élément incontournable de l'imaginaire collectif. Pour rappel, l'édifice dont la construction a débuté au XIIe siècle accueille chaque année jusqu'à 14 millions de visiteurs. Situé en plein coeur de Paris, sur l'île de la Cité (IVe arrondissement), il a déjà subi d'autres épreuves, notamment par le feu, au cours de sa longue histoire.

 


 

La structure principale de l'édifice est "sauvée" mais la situation est encore "précaire"

 

L'incendie de Notre-Dame intervient a fortiori quelques jours avant les célébrations de Pâques, commémorant la résurrection du Christ. "Nous serons pleinement aux côtés du diocèse pour que Pâques puisse être célébré dans de bonnes conditions", a souligné Anne Hidalgo. "La cathédrale Notre-Dame de Paris fait partie des symboles de ces efforts de paix, de beauté, d'espérance, de foi et même au-delà de la foi chrétienne (...) ça va être une perte d'une grande blessure", a confié Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, à l'Agence France Presse. Et d'ajouter : "La chute de la flèche a une portée symbolique considérable, elle représente un doigt tendu vers Dieu, un paratonnerre qui fait venir la grâce de Dieu vers nous".

 

Et pourtant, la puissance des images et des symboles est toujours bien présente. Ce reportage de nos confrères de France Info montre l'intérieur de l'édifice après le ravage des flammes : au milieu des colonnes noircies et des braises virevoltantes, l'autel apparaît intact et, au-dessus, la Croix brille toujours. Comme un miracle.

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