Avec une population vieillissante, la France doit relever le défi de la dépendance. Vivre plus vieux doit également intégrer la notion de vivre mieux. Dans ce contexte, des programmes immobiliers dits «intergénérationnels» ont fait leur apparition. Objectif : permettre aux plus jeunes et aux seniors de cohabiter. Explications de la tendance.

La colocation intergénérationnelle remporte un certain succès depuis quelques années. Celle-ci consiste à faire cohabiter sous un même toit des personnes âgées et des étudiants.

 

Un engouement qui s'explique essentiellement par deux critères : la crise du logement du côté des jeunes et un besoin de sociabilité pour les seniors. Mais la sous-location n'est pas la seule solution. Aujourd'hui, apparaissent aussi des programmes immobiliers pensés et imaginés pour ces deux populations.

 

Ainsi, des architectes se penchent sur le sujet en construisant des petits logements individuels permettant aux plus jeunes et aux plus vieux de vivre en bon voisinage. Patrick Rheinert a imaginé une résidence, baptisée Réciprocité, où jeunes et «seniors» vivraient côte à côte dans un système intelligent d'entraide pour «ramener le logement collectif au niveau de l'humain». Si les logements en rez-de-chaussée y sont réservés en priorité aux plus âgés, le principe est aussi de mutualiser les compétences des différentes générations (bricolage, jardinage), tout en réinstallant à proximité de ce type de résidence des commerces de proximité, car leur raréfaction près des maisons des personnes âgées est devenue elle aussi un handicap, et une barrière au maintien à domicile. Bien sûr, si tout est mis en place pour que la relation fonctionne, une inconnue demeure : l'alchimie entre les deux parties : «Dans ces programmes, des espaces sont aménagés pour faciliter les liens, provoquer des envies d'échange et entretenir des relations. Toutes les conditions sont offertes pour qu'il se passe quelque chose», explique Hervé Barry, sociologue qui a participé en 2010 à la réalisation d'un rapport sur le logement intergénérationnel pour le compte de la Caisse Nationale d'Allocations Familiales (CNAF). Et d'ajouter : «L'opportunité est créée. Reste que le duo doit tricoter sa partition (…) Et il est évident que ça ne marchera pas avec tout le monde mais ces opérations sont bien vues et nécessaires».

 

Une aventure à tenter
Et ces programmes semblent se propager, même les promoteurs s'y intéressent fortement. Par exemple, Ogic est en train de préparer un projet dans le 13ème arrondissement de Marseille. Cohabiteraient ici plusieurs programmes dont des immeubles de logements en accession à la propriété, une résidence seniors ainsi qu'une université catholique avec des logements étudiants à proximité. «Il est intéressant de travailler sur des synergies», explique Mireille Vernerey, directrice régionale du promoteur constructeur Ogic. Et de compléter : «Si les entités seront séparés, on prévoit d'implanter des sites communs comme une bibliothèque et un jardin privatisé qui ouvrira sur ces espaces». En outre, pour aller encore plus loin, une maison relais plus particulièrement à destination des mères monoparentales devrait voir le jour. L'objectif ? «Redonner confiance à ces femmes et les aider à remettre le pied à l'étrier», précise la directrice régionale d'Ogic.

 

Si plusieurs réalisations sont en route, un bilan sera nécessaire dans deux ou trois ans, c'est en tout cas ce que préconise le sociologue : «Tirer les fruits de l'expérience», précise-t-il. Mais d'une manière générale, il se montre plutôt optimiste sur ces partenariats intergénérationnels : «Il y aura toujours des ménages et des jeunes pour tenter l'aventure alors même si on ne connaît pas encore l'issue de ces cohabitations, allons-y !»

 

Découvrez quelques programmes immobiliers illustrant l'aspect intergénérationnel en pages suivantes

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Programme Intergénérationnel d'Avrillé

Programme Intergénérationnel d'Avrillé
Programme Intergénérationnel d'Avrillé © ville d'Avrillé/Toit Angevin /CIRMAD Prospectives
Les représentants de la ville d'Avrillé (Maine et Loire), de l'organisme d'habitat social Le Toit Angevin et de CIRMAD Prospectives, filiale de Bouygues Construction, se sont impliqués en 2010 sur un programme Intergénérationnel. Cet ensemble regroupera un habitat sénior de 40 logements, une structure petite enfance de 30 berceaux et
13 logements sociaux.

Récipro-Cité

Réciprocité
Réciprocité © Agence Patrick Rheinert
Une résidence intergénérationnelle, entourée de jardins et qui favorise l'échange entre les voisins, telle est l'idée de l'ingénieur Patrick Rheinert à travers «Récipro-Cité».

Programme à Marseille

Intergénérationnel
Intergénérationnel © CG - batiactu
Le promoteur Ogic réalisera plusieurs programmes sur une immense parcelle où se côtoieront des logements pour étudiants, des logements en accession à la propriété ainsi qu'une résidence senior.