Nouvel eldorado du pays, l'immobilier à Bucarest a vu ses prix doubler en un an, une surévaluation nourrie par la perspective de la signature du traité d'adhésion du pays à l'Union européenne fin avril, les Roumains rêvant déjà à leur future prospérité.

Dans la banlieue de Bucarest, un logement social de trois pièces, situé dans un immeuble délabré, en mal de verdure et sentant souvent le moisi, est devenu inaccessible pour la plupart des Roumains, dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas les 150 euros.
Le prix d'un appartement dans un de ces immeubles, appelé "bloc" en Roumanie, oscille entre 50.000 et 70.000 euros, soit près du double par rapport à la même période de l'année 2004.

"Ce type de logements est très prisé des jeunes qui accèdent aux crédits immobiliers, sur un marché bombardé de rumeurs, alimentées par la perspective de l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne", prévue en janvier 2007, explique à l'AFP Emil Giurgiu, président de l'Union nationale des agents immobiliers (UNAI).
"Cette hausse est d'autant plus surprenante et injustifiée que la plupart de ces immeubles construits à l'époque communiste pour des familles ouvrières, sont actuellement dans un état déplorable", a pour sa part souligné Andrei Marcu, directeur d'une agence immobilière de Bucarest.
"Cet appétit insatiable pour les HLM situés en banlieue, témoigne également d'une profonde crise du logement frappant depuis des années la capitale roumaine, qui compte aujourd'hui plus de deux millions d'habitants", affirme pour sa part Liviu Ureche, le président d'un autre réseau d'agences immobilières.

Les professionnels de l'immobilier estiment que des groupes d'intérêts mettent en avant "l'épouvantail" de l'adhésion à l'UE, qui, selon eux, va provoquer une flambée des prix des logements.
D'autre part, les propriétaires "gonflent artificiellement les prix", en espérant que la supression de quatre zéros de la monnaie locale, le leu (lei au pluriel), à partir du 1er juillet 2005, va aussi engendrer une nouvelle hausse. Actuellement, un euro vaut un peu moins de 40.000 lei. "La bourse des rumeurs fait actuellement la loi sur ce marché", estime ainsi M. Ureche.

Moins courus que les HLM, les lofts ou les villas sont prisés notamment par les nouveaux riches, les étrangers vivant à Bucarest, ainsi que par les jeunes cadres travaillant dans des entreprises multinationales de la capitale.
Pour ces nouveaux yuppies qui lorgnent sur les banlieues chics ou les résidences fermées à l'américaine, le ticket d'entrée dépasse les 300.000 euros pour un appartement et peut grimper bien au-delà. Ces complexes sont souvent entourés de barrières avec gardiens et caméras de sécurité.

Les villas de 8 ou 10 pièces du nord de la ville, séduisent par leur modernité et trouvent des acheteurs à plus d'un million d'euros. Dans ce secteur, les lacs, bordés de grands parcs verdoyants, influent d'une façon non négligeable sur le choix des futurs acquéreurs.
Alexandru Niculescu, 33 ans, avoue avoir mal choisi le moment pour acheter la maison de ses rêves.
"Je pensais qu'un début d'année était une bonne période pour acquérir un nouveau logement mais les évolutions du prix sont spectaculaires. J'ai été contacté par une agence immobilière qui m'a proposé la même maison à un prix passant de 90.000 à 110.OOO euros, à quelques jours d'intervalle", s'exclame-t-il.

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