NUMÉRIQUE. Les technologies d'intelligence artificielle (IA) ont certes commencé à créer de la valeur dans le secteur de l'immobilier, mais doivent encore se développer, d'après une étude réalisée par Xerfi Precepta. L'impact sur l'emploi sera quant à lui relatif.

Si l'extension des technologies d'intelligence artificielle peut s'avérer aujourd'hui conséquente dans certains domaines d'activité, le secteur de l'immobilier est encore assez épargné. Le groupe Xerfi, spécialisé dans les études économiques sectorielles, en a réalisé une, intitulée "Les enjeux et défis de l'IA dans la filière de l'immobilier : quel impact des modèles data driven [modèles d'architectures informatiques qui insistent sur la structuration des données, ndlr] sur le jeu concurrentiel, les métiers et les stratégies des acteurs ?". Il en ressort que les métiers de l'immobilier sont effectivement de plus en plus impactés par le développement des outils numériques, du smart building au marketing en passant par l'estimation des logements. "Si les usages de l'IA ont progressé dans l'industrie immobilière, les ruptures majeures sont pourtant encore à venir (…)", notent les spécialistes de Xerfi. "La plupart des applications sont en effet en phase d'introduction ou de décollage sur le marché avec, pour certaines d'entre elles, de beaux potentiels de croissance. La gestion des bâtiments, en particulier tertiaires, concentre aujourd'hui l'essentiel des applications d'IA destinées à l'immobilier […] Pour autant, la généralisation du bâtiment intelligent n'est pas pour demain. D'abord, parce que le marché du smart building ne concerne que le neuf. Ensuite, parce que la structuration de l'offre est encore insuffisante pour permettre sa diffusion à grande échelle."

 

 

Des nouveaux arrivants devançant les acteurs historiques, mais une communication jugée excessive

 

Pour les professionnels de l'immobilier, la prochaine étape sera donc celle de l'expérimentation et du développement de ces technologies. Concrètement, cela se traduira par l'identification de nouveaux prestataires, dans l'optique de composer des écosystèmes collaboratifs. Des entreprises du BTP ou des groupes publics/privés ont déjà amorcé des initiatives et lancé leurs propres structures d'innovation, comme la Factory de Vinci Energies ou l'incubateur de jeunes pousses Paris&Co. Ce nouveau modèle économique pourrait même créer une forme de dépendance des acteurs historiques envers les nouveaux arrivants, qui prendraient ainsi la tête de ces écosystèmes. D'après l'étude de Xerfi, les plateformes de petites annonces type Le Bon Coin ou Se Loger ont en effet pris une avance non-négligeable envers les promoteurs et agents immobiliers traditionnels.

 

Ceci dit, l'IA serait un peu trop exposée médiatiquement, selon la même étude, qui parle "d'IA washing" : un excès de communication - "voire une mystification" - des progrès induits par ces nouvelles technologies serait utilisée "à des fins commerciales". L'arrivée de solutions dites low tech, qui ne requièrent pas de configurations complexes, et l'entrée en vigueur du RGPD (Règlement général sur la protection des données) pourraient aussi faire office de freins dans l'expansion de l'IA. "Malgré tout, le potentiel de l'IA dans la filière est loin d'être épuisé", assurent les auteurs de l'étude. "Et les professionnels doivent d'ores-et-déjà anticiper les changements à venir, en particulier en matière de ressources et de compétences à développer ou à acquérir pour travailler de façon optimale avec les systèmes d'intelligence artificielle." A l'instar de bien d'autres domaines, ces derniers devraient permettre à terme un redéploiement des emplois et des missions vers les activités de conseil et de service.

 

 

L'IA devrait engendrer la création de nouveaux métiers

 

Et l'emploi dans tout cela ? Si l'on en croit les spécialistes de Xerfi, l'IA ne devrait pas impacter de manière trop conséquente les effectifs du secteur immobilier. La collaboration homme/machine n'y est pas encore poussée à son paroxysme, d'autant que le numérique ne représente pour l'heure qu'une aide complémentaire au travail humain. "C'est d'autant plus vrai que, de nouvelles offres, de nouveaux modèles d'affaires et de nouveaux métiers vont naître l'usage de l'intelligence artificielle dans l'immobilier", conclut l'étude.

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