Comme toutes les tours de la seconde génération construites dans les années 70 à La Défense, la CB 31 avait perdu ses avantages comparatifs aux nouvelles tours, plus performantes et plus accueillantes. Les travaux exceptionnels de rénovation-reconstruction de cet immeuble entrepris en 2007 et qui deviendra la Tour First, constituent l'un des chantiers les plus visibles et les plus spectaculaires d'Ile-de-France. Détails.

Connue successivement sous les noms de tour Azur, tour UAP, puis tour AXA, la CB 31 construite en 1974 va devenir la tour First grâce à une nouvelle architecture élancée, rayonnante et lumineuse, qui en fera l'un des principaux points de mire du quartier d'affaires de La Défense (92). Ses architectes, le cabinet Kohn, Pedersen, Fox et le cabinet Saubot Rouit & Associés, «ont décidé d'imprimer à cette ancienne tour tripode une forme hélicoïdale en surélevant l'une des trois ailes», explique Jean-Frédéric Henry, directeur général adjoint de Cogedim, le maître d'ouvrage délégué du projet. «L'aile du côté de Courbevoie a été élevée de 10 niveaux supplémentaires, soit 50 m, et les deux autres ailes affaissées en dégradé», ajoute-t-il. Ces trois ailes sont orientées à l'est, au sud et au nord-ouest. Chacune est rectangulaire et se termine par un toit incliné.
Mais afin de relever ce défi, les équipes de Bouygues Bâtiment Ile-de-France - Rénovation Privée ont mis au point et développé des méthodologies tout à fait inédites pour réaliser cette opération d'un montant de 320 millions d'euros et pour faire atteindre à cette tour les 218 mètres de haut, devenant ainsi la plus haute du quartier d'affaires.

 

Un gros travail de désamiantage !
Mais avant les travaux, des sondages ayant révélé la présence de fibres d'amiante sous les chapes des planchers, il a fallu programmer leur décapage. «Il était bien sûr impossible d'intervenir dans la tour avant ces travaux, et comme ils devaient être exécutés sous confinement, façades fermées, ils risquaient de remettre en cause tout le planning», explique Christian Lasne, directeur du projet chez Bouygues Construction. L'équipe Travaux a alors recherché avec l'équipe Méthodes des modes opératoires spécialement adaptés. Leur premier objectif a été de mécaniser les travaux de décapage ; ils ont trouvé à l'étranger des engins électriques à chenilles, télécommandés, pour démolir les chapes et ont mis au point des chariots électriques munis de godets capables de charger les déblais dans de grands sacs.
«Ainsi 16.000 sacs (big-bags) au total seront évacués pour être traités en décharge», ajoute Christian Lasne. Cette organisation permet d'exécuter ces travaux à marche accélérée, à raison d'un étage par semaine. Au-dessus, au fur et à mesure que les étages se libérent, les autres travaux de gros œuvre sont enclenchés.

 

Une nouvelle structure
Pour ce chantier, une restructuration du noyau central a également été nécessaire, afin d'aménager les cages d'escaliers et deux monte-charges. Destiné à renforcer le contreventement de la tour, l'épaississement des voiles du noyau central, «après démolition des dalles existantes et construction de nouvelles dalles avec poutres», ne pouvait être opéré avec des banches classiques, à l'intérieur du bâtiment. Pour mécaniser ces travaux, un outil modulaire repliable et monté sur roulettes a donc été inventé.
Cet outil spécifique, qui est un coffrage suspendu permettant de recréer le noyau à l'avancement de la démolition en descendant, est composé de 28 tonnes d'acier et suspendu à quatre treuils. Il peut supporter une charge de 38 tonnes. A géométrie variable pour épouser la forme des ouvrages existants, il comporte une plate-forme inférieure de 140 m2 permettant d'effectuer le ferraillage à hauteur d'homme.
En outre, la destruction partielle des structures horizontales a été nécessaire pour créer 7 vastes atriums de 3 niveaux chacun. A remarquer aussi, la création d'un podium géant en rez-de-dalle. Il sera ceint de près de 3.500 m2 de façades de verre et couvert d'une verrière de 613 m2, il abritera l'accès principal des piétons.

 

L'excellence à 218 mètres de haut
Déjà certifié HQE pour ses phases programmation et conception, le projet First a aussi été engagé dans un processus de certification HQE pour sa phase construction avec des objectifs de qualité environnementale élevés : 5 des 14 cibles de certification visent le niveau «très performant», «telles que la relation du bâtiment avec son environnement, la gestion de l'énergie, le confort thermique, le confort visuel…», indique Jean-Frédéric Henry.

 

Cette démarche HQE est particulièrement ambitieuse. Les partenaires du projet se sont fixé des exigences supérieures à celles du Référentiel technique de certification, en développant quatre axes prioritaires. Le premier concerne la gestion des déchets de chantier et leur recyclage dont 50% seront en effet valorisés. La deuxième traite de la réduction de la consommation d'énergie, avec la conception d'une façade qui limite l'impact des apports solaires et réduit ainsi les consommations liées à la climatisation. Autre axe important, atténuer l'impact de la construction sur les riverains. Enfin, le dernier concerne le confort, avec l'intégration harmonieuse du bâtiment dans son environnement et la luminosité accrue des espaces de travail et de vie.

 

Concernant la réduction de la consommation énergétique, le challenge du projet a été d'améliorer drastiquement les performances énergétiques du bâtiment. Ainsi la création d'un bouclier thermique en façade par une double peau respirante permettra d'améliorer le coefficient de déperdition thermique du bâtiment. L'objectif est rationnel : tirer le meilleur parti du rayonnement solaire et de la circulation naturelle de l'air pour diminuer la consommation en chauffage et en climatisation. La paroi intérieure protégera du froid et la paroi extérieure de la chaleur, créant une inertie au niveau de la température. Des vitrages spécifiques limiteront les surchauffes dues au soleil.

 

Fiche technique :
Ingénierie : IOSIS
Conseil HQE : IOSIS
Maitre d'ouvrage : AXA Real Estate IM
Maître d'ouvrage délégué : Cogedim
Maitre d'œuvre d'exécution : Coteba
Investisseur : Beacon Capital
Etudes de structures : Direction technique Bouygues Bâtiment Ile-de-France
Architectes : KPF (Grande-Bretagne) et SRA (France)
Budget : 320 millions d'euros
Démarrage des travaux : 2007
Fin des travaux : 2011

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Architecture audacieuse

Tour First La Défense
Tour First La Défense © Laurent Blossier
La tour a été partiellement écrêtée et l'une de ses ailes surélevée de 10 niveaux, pour obtenir un effet d'hélice assurant son élancement visuel dans le ciel.

En 2007

Tour First
Tour First
La tour Axa, future Tour First construite en 1974.

En 2011

Tour First
Tour First
Après 5 ans de travaux...

Transparence

Tour First
Tour First
Les plateaux de bureaux seront élargis de 1,50 m sur toute la périphérie de la tour, pour atteindre dans chaque aile le standard actuel de 18 m de largeur.

Faux plafonds

Tour First
Tour First
Livrée en 2011, certains étages de la tour commence à s'équiper.

Bi-mâts

Tour First
Tour First © Laurent Blossier
Une surélévation de 50 mètres.

Sur 3 niveaux

Tour First
Tour First
Une destruction partielle des structures horizontales a été nécessaire afin de créer 7 vastes atriums.

Paroi intérieure contre le froid

Tour First
Tour First
La création d'un bouclier thermique en façade par une double peau respirante permet d'améliorer le coefficient de déperdition thermique du bâtiment.

 

Du Louvre à la Grande Arche

Tour First
Tour First
La flèche de la future First culminera donc à 218 m, ce qui en fera la plus haute tour de France en 2011.