L'Union nationale de producteurs de granulats s'est réunie ce mardi 14 février 2012, afin de souffler les 20 bougies de sa commission « Recyclage ». Un événement qui a permis à l'UNPG de renouveler son engagement en faveur de l'environnement, et de confirmer la priorité donnée au développement de la réutilisation des ressources et matériaux.

L'UNPG a organisé un colloque, mardi 14 février 2012, portant sur le thème « Produire durablement : recyclage et environnement, des atouts pour les carrières ». L'occasion pour la filière du granulat d'établir un état des lieux et de présenter les enjeux environnementaux ou réglementaires auxquels elle doit faire face. La profession a également exposé des propositions en faveur du développement du recyclage en France. Aujourd'hui, ce sont 6,3 % des granulats utilisés dans l'Hexagone qui sont issus du recyclage, un chiffre en augmentation constante depuis 20 ans, date du début de l'initiative. La production de granulats recyclés par les plateformes de recyclage est de plus de 20 millions de tonnes, dont 15 millions proviennent des matériaux de démolition et 5 millions de tonnes sont des granulats artificiels (laitiers de sidérurgie, schistes houillers, mâchefers d'incinération d'ordures ménagères). Le chiffre global est supérieur si l'on ajoute les matériaux directement recyclés sur les chantiers ou ceux qui transitent d'un chantier de démolition à un autre de travaux publics. La proportion de matériaux valorisés atteindrait peut-être 10 ou 15 %, selon les régions.

 

Le granulat recyclé présente divers avantages, dont une économie de ressource naturelle, une réduction du transport des matériaux, une mise en œuvre rapide et une réduction des mises en décharge. La profession souhaite donc mettre en avant cette pratique et valoriser le produit final. En effet, le granulat recyclé est, à tort, considéré comme un sous-produit ou un déchet alors que le recyclage est une activité industrielle, qui implique un contrôle et une traçabilité réglementés. La profession souhaite donc obtenir pour les granulats recyclés et artificiels le statut de « produit », le seul possible pour un matériau destiné à devenir un produit de construction.

 

Industrialiser le processus et maîtriser les impacts
Avec l'augmentation du coût du transport, qui pèse finalement sur le coût des matériaux, l'UNPG souhaite étendre l'utilisation des granulats recyclés au-delà des chantiers routiers. L'organisation va donc participer à l'émergence de la filière de recyclage du béton en participant au projet national « Recybéton », lancé le 27 janvier 2012. Les producteurs souhaitent notamment démontrer que les granulats recyclés présentent toutes les qualités techniques requises pour la fabrication des bétons.

 

L'UNPG va promouvoir l'installation et le maintien de plateformes de recyclage en milieu urbain et péri-urbain. La filière entend également devenir un acteur majeur du déploiement local des plans de gestion des déchets BTP. Elle demande par ailleurs aux pouvoirs publics de formaliser une stratégie nationale de recyclage en sollicitant davantage de véritable déconstruction (avec tri sur place des différents matériaux) et moins de démolition pure. L'UNPG souligne enfin la multiplicité des textes réglementaires et des guides techniques qui oblige la profession à créer plus de cohérence à l'ensemble des outils. La rédaction de ces différents outils est en cours, notamment pour le « Guide méthodologique », relativement théorique, et pour les nombreux « Guides d'application » aux thématiques diverses : mâchefers d'incinération (début 2012), matériaux de déconstruction (2012), laitiers sidérurgiques (2012), etc.

 

L'enjeu environnemental n'a pas été oublié lors des débats et tables rondes de la journée de colloque de l'UNPG. Les intervenants ont insisté sur les nécessaires mesures et maîtrise des impacts sur l'eau, sur l'énergie consommée et le CO2 émis, sur les poussières atmosphériques, sur les déchets ou sur le paysage. Lors de leurs exposés, Bernard Frochot (président du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de Bourgogne) et Jean-Claude Lefeuvre (professeur émérite au Muséum d'Histoire naturelle) ont même présenté les carrières d'exploitation des granulats comme des opportunités pour les organismes vivants (animaux et plantes) qui y trouvent un environnement neuf à coloniser et à la pression humaine faible. Christian Béranger, président de la commission « Environnement » de l'UNPG a souligné pour sa part que « le nouveau savoir-faire environnemental si particulier à l'industrie des granulats permettra de pérenniser les implantations au plus près des marchés ».

 

Afin de doubler la quantité de granulats recyclés d'ici à 2017 et atteindre les 50 millions de tonnes, l'UNPG a formulé dix propositions :
- disposer de procédures d'admission et de traçabilité simples et efficaces, afin d'améliorer la collecte de matériaux issus de la démolition et des travaux publics ;
- mettre en place une maîtrise de la qualité des productions reconnue localement ou nationalement par les utilisateurs du produit ;
- étendre le « Guide méthodologique » à tous les domaines d'emploi et publier des « Guides d'application » orientés utilisateurs ;
- contribuer à l'émergence de la filière recyclage dans le béton ;
- veiller à l'application de la nouvelle nomenclature ICPE (Installations classées pour la protection de l'environnement) ;
- favoriser l'implantation de plateformes de recyclage sur les sites de carrières et en zone urbaine ;
- tripler le nombre des plateformes adhérentes à la « Charte Environnement » de la profession ;
- participer au déploiement de plans de gestion des déchets du BTP ;
- contribuer à l'émergence d'un cadre réglementaire cohérent, pour l'ensemble des acteurs ;
- obtenir pour les granulats recyclés et artificiels le statut de produit.

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