ENTRETIEN. Xavier Huillard est le président-directeur général du groupe Vinci depuis 2010. Artisan de ses principales mutations, dont le virage environnemental entamé avec conviction, il partage avec Batiactu sa vision du secteur du BTP et de son rôle de manager. Découvrez ses réflexions, son actualité et son portrait en cinq traits.


Enthousiaste, assurément. Au 22e étage du nouveau siège du géant du BTP, de l'énergie et des concessions, l'archipel, Xavier Huillard, P-dg du groupe Vinci accueille, raconte, détaille, partage... car, dans ces murs, tout signifie. "Voyez d'ici la vue : l'archipel, il fallait que cela soit sur ce terrain, enclavé, difficile, déjà artificialisé, pour montrer que nous avions compris" ; "Voyez encore la photo de ce pont en Grèce (il nous montre une photo panoramique du pont Rion-Antirion, qui relie le Péloponnèse à la Grèce continentale, NDLR), imaginé par l'un de nos collaborateurs, Jean-Paul Teyssandier, malheureusement décédé. Il en a eu l'idée et a réussi à la porter jusqu'à sa réalisation, un ouvrage exceptionnel." Ou encore : "Vous saviez que chaque bâtiment de notre siège est relié par une rue principale le long de laquelle nous avons installé les salles de réunion et de rencontres, afin que toutes les entités se croisent ?"

 

Pour son dirigeant, l'archipel porte et fait vivre concrètement l'expérience de l'ensemble des valeurs de la "maison" Vinci. Une culture du groupe, chevillée au corps de Xavier Huillard, dont il demande à chaque collaborateur d'en incarner, en liberté mais cohérence, chaque facette au jour le jour, chacun à sa mesure.

 

Adepte de la science managériale, il reconnaît en effet " l'art de trouver des équilibres entre des exigences apparemment contradictoires" que lui impose sa fonction : décentraliser, savoir déléguer et rendre autonome, tout en étant présent et tout aussi exemplaire. La curiosité, la rencontre, le partage avec ses équipes et, bien sûr, la passion de l'acte de construire, lui qui est issu d'une famille de bâtisseurs : voici ce qui motive Xavier Huillard.

 

"Mes héros ? Nos 270.000 salariés."

 

Avec ces entretiens "Grands Témoins", Batiactu vous invite à mieux connaître des personnalités aux horizons divers, mais qui contribuent aujourd'hui, par leurs visions, leurs réflexions et leurs actions, à expliquer, anticiper, façonner, faire exister notre cadre de vie et donc, la société dans laquelle nous voulons vivre.

 

Vinci, le géant du BTP, de l'énergie et des concessions, major parmi les majors, n'a de cesse de croître et ouvre aujourd'hui, avec l'intégration du pôle Cobra IS, une nouvelle dimension à ses activités, vers les énergies. Toutes ses branches - à une exception près pour des raisons conjoncturelles, l'immobilier (voir notre infographie) - et ses géographies ont enregistré des niveaux de croissance soutenus, et il récolte les fruits de plusieurs axes stratégiques mis en avant depuis plusieurs années. De quoi démontrer que l'environnement, le social et l'économique sont trois piliers non seulement complémentaires et non contradictoires, mais surtout désormais indissociables.

 

Quels sujets préoccupent aujourd'hui plus particulièrement Xavier Huillard ? Quelle est sa vision de notre secteur et son message aux professionnels ?

 

Batiactu rencontre le président-directeur général de Vinci, pour partager avec lui sa vision de notre secteur, son actualité, mais aussi, pour mieux le connaître et comprendre ce qui l'anime, à travers un portrait en cinq traits.

 

*entretien réalisé à l'archipel, au siège de Vinci, le 21 février 2023.

 

ACTUALITÉS MARQUANTES

 

Batiactu. Quels événements ou actualités vous ont particulièrement interpellé ces derniers temps et ont nourri votre réflexion sur notre secteur ?

 

Xavier Huillard : Tout dépend de la focale que nous prenons. Si je remonte à ces dernières années, nous sentons bien la montée en puissance extraordinaire de la préoccupation environnementale qu'il faut appréhender selon nous, comme une énorme opportunité : non seulement de développer nos activités, mais aussi de revisiter toutes nos manières de faire, nos matériaux, nos façons de nous organiser et nos méthodes de production. Nous passons tout notre quotidien au tamis de cette nouvelle grille environnementale : un "reengineering" toujours très sain, parce que l'on en sort toujours de la création de valeur.

 

Nous accueillons aussi cette montée en puissance de la question environnementale avec enthousiasme, car elle est extraordinairement fédératrice. C'est la première fois de ma vie professionnelle que j'ai le sentiment que nous tenons un thème et ce, pour longtemps, qui traverse tous nos métiers, toutes nos géographies : il intéresse absolument chacun de nos 270.000 collaborateurs.

 

 

Imaginez la puissance de l'intelligence collective que cela génère ! 270.000 collaborateurs synchrones, focalisés sur une préoccupation unique, chacun avec des ingrédients différents selon les métiers : cela nous donne à la fois un enthousiasme, une dynamique, une énergie collective, une cohésion formidable et surtout, cela donne beaucoup d'espoir. Et nous n'avons vu que le début de ce que nous serons capables collectivement d'inventer pour nous permettre de relever ce défi du siècle, c'est formidable !

 

Batiactu : Et dans l'actualité récente ?

 

X.H. : L'événement le plus marquant, c'est bien sûr la guerre en Ukraine, mais surtout les conséquences de celle-ci : une prise de conscience, salutaire je l'espère, que le sujet de l'énergie est complètement central. Nous ne devrions plus faire que cela !
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