LETTRE OUVERTE. Le décalage du calendrier du chantier du Grand Paris Express pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le projet du plateau de Saclay. C'est ce qu'affirme le député et mathématicien Cédric Villani, dans un courrier adressé à Emmanuel Macron.

"Si les transports en commun ne sont pas rapidement mis à niveau, Paris-Saclay mourra." C'est ce qu'affirme notamment le député et mathématicien Cédric Villani dans une lettre ouverte au président de la République datée du 22 janvier 2018, publiée sur son blog. Ainsi, le risque de voir le calendrier de construction et mise en service du Grand Paris Express représenterait un véritable danger pour le projet, qui consiste, pour rappel, à "regrouper une vingtaine d'établissements prestigieux d'enseignement supérieur et de recherche, des entreprises de toutes tailles, une population nombreuse de chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs, étudiants, le tout au service de la connaissance et de l'innovation", comme le résume Cédric Villani.

 

Ce "projet de classe mondiale" ne pourrait pas être concrétisé sans "le développement rapide de transports adaptés", en particulier la liaison Orly-Saclay dans le cadre du Grand Paris Express. Elle pourrait finalement ne pas voir le jour comme prévu en 2024, mais en 2028 ou 2030. Or, "depuis des années les acteurs du plateau interpellent l'État, quasiment quotidiennement, sur l'insupportable état des transports : la RN118 et ses embouteillages permanents ; le RER B avec ses rames bondées jusqu'à minuit et au-delà, ses retards et incidents quotidiens ; le bus 9106 si souvent saturé, alors que les flux sont appelés à augmenter très rapidement", liste le député de la République en marche, qui évoque une pétition signée par 17.000 députés, maires, élus locaux de tout bord et scientifiques en faveur du projet.


Transports bondés, embouteillages incessants...

 

Ainsi, Cédric Villani implore le Président de faire en sorte que Paris-Saclay ne fasse pas partie des "grands projets abandonnés au milieu du gué ne servant en rien la France". "Nos chercheurs et ingénieurs sont déjà accablés par les contraintes administratives et budgétaires", affirme également le député. "Si les embouteillages incessants deviennent leur quotidien, si leurs conditions de travail sont insupportables, ils finiront par prendre, comme bien d'autres avant eux, le chemin des universités étrangères, de Boston à Zurich, ou celui des laboratoires des géants américains de l'informatique, qui excellent à confier des moyens et de la souplesse."

 

Il est à noter que cette lettre est cosignée par d'autres sommités du monde scientifique, notamment Alain Aspect, physicien, médaille d'or du CNRS, prix Wolf, célèbre pour ses expériences légendaires en matière de mécanique quantique, Albert Fert, prix Nobel et Yves Bréchet, physicien, membre de l'Académie des sciences.

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