Le 17 septembre 2005, après douze années de fermeture, le public pourra de nouveau pénétrer dans l’impressionnante nef du Grand Palais à Paris : 200 m de long, 50 m de large, 45 m de haut sous la coupole. Quatre ans de travaux auront été nécessaires pour la restaurer du sol au plafond, et lui rendre toute sa splendeur.

«Le Grand Palais sera rendu et offert librement aux Français à l’occasion des 22èmes Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre prochains», a déclaré Renaud Donnedieu de Vabres, lors d’une conférence de presse donnée le 30 août sous l’immense verrière du bâtiment. Le ministre de la Culture, en introduction de son discours, a qualifié cette réouverture de «renaissance».

Construit à l'occasion de l'exposition universelle de 1900, le Grand Palais a accueilli sous son toit de nombreuses foires et expositions, tant techniques (Salon de l’automobile) que culturelles (salons artistiques). C’est lors de l’une d’elles, en 1993, qu’un rivet d’assemblage a chuté depuis la charpente métallique. En novembre de la même année, le bâtiment fut fermé et l’Etat décida d’entamer une grande campagne de restauration.

La première phase des travaux, d’un montant de 72,3 millions d’euros (financés par le ministère de la Culture), et qui s’est déroulée de 2001 à la fin 2004, a permis de conforter les fondations, de réparer les charpentes métalliques, de rendre à la verrière sa transparence d’origine, et de réparer la toiture.

Les fondations, autrefois constituées de 3.400 pieux en chêne, ont été remplacées par des ouvrages en béton qui vont chercher la couche de sol «dur» en calcaire, entre 15 et 20 mètres de profondeur, à travers les alluvions de la Seine. Les fondations dépourvues de pieux, sur l'ensemble de la moitié Sud des murs porteurs du Grand Palais, ont été confortées par 1.850 colonnes de jet grouting (injection d'un coulis de ciment à très haute pression).

Quant à la toiture, les 8.500 tonnes de la charpente métallique de la nef ont été entièrement réparées (décapage puis peinture selon la couleur verte d’origine), tout comme les 5.200 m2 de la couverture en zinc. Mais la phase la plus impressionnante concerne le remplacement des 14.900 m2 de surfaces en verre, qui rend toute sa transparence à la nef et à la coupole. Le verre armé translucide, mis en oeuvre entre les années 1970 et 1980, a été substitué par un verre feuilleté clair d'une épaisseur d'environ 9 mm.

Une deuxième phase de travaux, vouée à la restauration des façades, des éléments sculptés et des mosaïques, s’achèvera en 2007. L’effort d’investissement de l’Etat atteindra ainsi un peu plus de 101 millions d’euros.

En attendant cette date, le public pourra accéder gratuitement à l’espace rénové de la nef, du 17 septembre (début des Journées du patrimoine) au 1er octobre (soirée de la Nuit blanche). Les horaires d’ouvertures seront de midi à minuit, sauf le 20 septembre où le monument sera fermé.

Le jour, les visiteurs pourront y voir l’installation de Thierry Dreyfus, qui utilise des miroirs et la lumière naturelle pour «donner l’impression de marcher dans la verrière». La nuit, des vagues lumineuses permettront aux passants de «glisser de l’éblouissement à la rêverie». La mise en espace de cette installation ainsi que la présentation des célèbres globes de Coronelli (globes terrestres et célestes réalisés pour le Roi Louis XIV) ont été confiées à l’architecte Patrick Bouchain.

Après cette manifestation, plusieurs événements auront lieu : la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), du 5 au 10 octobre ; puis les défilés des maisons de couture Christian Dior, Chanel, Yves Saint-Laurent et Hermès ; le salon de la musique classique et du jazz (Musicora), mars 2006 ; la Biennale des antiquaires, septembre 2006.
Pour ceux qui ne peuvent se rendre à Paris, l’émission de télévision «Des Racines et des Ailes» diffusera le 14 septembre sur France 3 une soirée spéciale patrimoine, enregistrée dans le Grand Palais.

Photos : Patrick Tourneboeuf (EMOC)

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