ÉNERGIE. La France compte 900 réseaux de chaleur et ces infrastructures sont en général publiques. L'objectif est d'aider à les verdir.

Pour aider les propriétaires de bâtiments, et notamment les copropriétés résidentielles, à se raccorder aux réseaux de chaleur se situant à proximité, un texte "raccordement express" sera publié d'ici à la fin juillet, selon un responsable du ministère de la Transition écologique. "L'idée est d'instaurer le réflexe 'je veux me chauffer, je réfléchis d'abord au réseau de chaleur'", assure Alexandre Dozières, sous-directeur à l'efficacité énergétique et à la qualité de l'air au ministère de la Transition écologique, au cours d'un échange avec des acteurs du secteur, rapporté par l'Agence France presse (AFP).

 

Le but est de raccorder "d'ici l'hiver 2022 un maximum de bâtiments qui, sans le savoir, sont à 50 mètres d'un réseau : le raccordement à 'un euro' par logement sera mis en place, avec des aides bonifiées via des certificats d'économies d'énergie (CEE)", a-t-il ajouté. Cela fonctionnera sous forme de prime forfaitaire, par bâtiment, "avec peut-être une surprime en fonction du nombre de logements", a-t-il précisé. Le raccordement sera selon lui "gratuit ou presque", variant de quelques euros à quelques centaines d'euros pour les bénéficiaires.

 

Raccorder plus de bâtiments

 

"En termes de distance au réseau, il n'y a pas de critère qui enlèverait l'éligibilité. N'importe quel bâtiment à n'importe quelle distance d'un réseau peut bénéficier de la prime, néanmoins on a cherché à évaluer combien de bâtiments sont à 50 mètres, pour lesquels ce serait assez facile et pas trop cher et qui permettraient de réduire de deux TWh les consommations nationales de gaz", a continué le porte-parole.

 

Il y aurait 3.000 bâtiments non raccordés à moins de 50 mètres d'un réseau, comme l'a recensé le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU). "Ils ont là l'occasion de baisser leur dépendance au prix du gaz, qui fait des bonds de jour en jour, et d'accéder à une chaleur renouvelable", a plaidé la présidente du SNCU Aurélie Lehericy, qui "espère que les copropriétés vont prioriser dans les prochaines AG ce raccordement express". Le montant reviendrait entre 200 et 400 euros en moyenne par logement, selon ses estimations. "Notre expérience montre qu'à moins de 400 euros par logement, le coût est digérable, avec la compensation sur le coût de la facture d'énergie", a-t-elle déclaré.

 

 

Verdir les réseaux

 

Aujourd'hui, les réseaux pèsent pour 5% du chauffage en France, qui veut à la fois les verdir, les densifier et en construire de nouveaux. 60% des 900 réseaux de chaleur fonctionnent avec des énergies renouvelables ou de récupération (géothermie, biomasse, chaleur résiduelle de sites industriels ou de data centers...). Le reste marche encore au gaz. L'État a prévu de présenter une liste des réseaux de chaleur vertueux, fonctionnant à plus de 50% sur des énergies renouvelables, soit environ 500 réseaux à ce jour.

 

Dès juillet 2023, tout bâtiment situé dans le périmètre de ces réseaux et cherchant à remplacer son chauffage collectif, "sera obligé" de s'y raccorder, a affirmé Alexandre Dozières. Si le bâtiment trouve un mode de chauffage encore plus vert (de type géothermie ou solaire thermique), il pourra cependant ne pas se conformer à cette exigence.

 

A plus grande échelle, l'appel à projets étatique "une ville, un réseau", lancé via l'Ademe, encourage les communes de moins de 50.000 habitants à se doter de ces systèmes, afin de les accompagner dans la sortie de l'utilisation de gaz fossile. L'enjeu climatique, géopolitique et économique est de taille : le chauffage représente 40% de la consommation d'énergie finale, plus que les transports ou l'industrie. Il n'est décarboné qu'à 20%.

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