En trois mois, les Galeries Lafayette du centre commercial Belle Epine de Thiais (94) doivent déconstruire l'ensemble des aménagements intérieurs sur une surface de 16.600 m². Une impressionnante quantité de déchets doit donc être gérée selon un schéma d'organisation particulier prenant en compte leur nature. Reportage.

Dans un grand magasin fantôme de la banlieue parisienne, de nombreuses silhouettes s'affairent. Les Galeries Lafayette de Thiais, anciennement BHV, sont pourtant fermées depuis le 31 décembre 2015. Ces occupants particuliers ne sont pas des clients égarés : ce sont des déconstructeurs. Jean-Marie Roueche, le directeur général technique du groupe Galeries Lafayette, détaille : "Nous sommes arrivés en fin de bail. Il s'agit donc de déposer les équipements et de déconstruire le magasin pour livrer une coque vide le 31 mars". Or, la chaîne a mis en place une politique RSE d'envergure, et souhaite faire de ce chantier, un exemple de gestion des déchets.

 

"Nous allons au-delà de la réglementation en mettant en place du tri et des filières de recyclage pour éviter les mises en décharge", explique-t-il. L'entreprise, accompagnée par Recylum (pour les équipements électriques) et Valdena (pour les aménagements et mobiliers en bois), s'est donc fixée pour objectif de remettre un maximum de déchets dans des circuits d'économie circulaire. En tout, 3.500 m3 de matériaux aussi variés que des plaques de plâtre, des gravats de briques et de béton, des structures métalliques ou des équipements électriques. Sans oublier l'indispensable opération de désamiantage des sols où les colles et joints sont contaminés. Cette seule intervention, délicate, représente près de 75 % de l'enveloppe totale, dont 30 % pour l'inertage de ces déchets dangereux. "Là encore, c'est pour ne stocker que du déchet ultime", précise Jean-Marie Roueche.

 

Découvrez le chantier de déconstruction en images dans les pages suivantes.

actionclactionfp

Le SOGED, document de référence

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Le chantier, où s'activent entre 80 et 100 ouvriers, est mené par Quatorze IG (maître d'œuvre), l'entreprise Melchiorre Démolition et plusieurs sous-traitants spécialisés. Jean-Nicolas Melchiorre, explique à son tour : "Nous prenons en charge les déchets inertes, ceux issus des bétons ou des briques. Ils sont concassés puis utilisés comme sous-couche dans des voiries". La société, et tous les intervenants sur ces travaux, se conforment à un Schéma d'Organisation et de Gestion des Déchets, véritable Bible. Le document de référence traite de tous les aspects (méthodes de tri sur site, centres de stockage concernés, informations à transmettre, moyens matériels et humains…) du chantier de déconstruction.

Big bags de déchets amiantés

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Pour la dépose des parquets, sans enlever la couche de ragréage qui contient l'amiante, les ouvriers découpent les lattes en place puis les arrosent d'eau. Le plancher se gonfle d'eau, gondole, et s'enlève facilement, seul. Il laisse le sol béton nu, prêt à être désamianté par ponçage, en environnement confiné. Les déchets obtenus seront récupérés dans des big bags scellés puis expédiés à un centre de traitement spécialisé pour les neutraliser.

Quarante tonnes de déchets électriques à dépolluer

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Vanessa Montagne, responsable des partenariats chez Recylum, raconte : "Nous intervenons à la demande du maître d'ouvrage, pour récupérer les déchets électriques, les luminaires bien sûr, mais également les armoires électriques et les moteurs. Ils ne représentent que 3 % du volume total de déchets, mais ce sont pourtant des déchets dangereux qui doivent être dépollués". Ce sont donc environ 40 tonnes qui seront récupérées sur le site de Belle Epine.

Don de matériaux

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Autre point remarquable de ce chantier de déconstruction, le don de différents équipements sanitaires au lycée professionnel Champlain de Chennevières-sur-Marne. Ils serviront à la formation technique des futurs plombiers. Certains éléments du mobilier et des équipements ont également été donnés à l'association la REcyclerie, en vue de leur réemploi. In fine, 80 % des déchets des Galeries Lafayette-Belle Epine seront recyclés, contre 60 % pour un chantier classique. Une belle façon de marier responsabilité environnementale et sociale.

Le chantier de déconstruction en quelques chiffres :

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
16.600 m² d'aménagements intérieurs à déconstruire
3.500 m3 de déchets soit 2.300 tonnes
73 % de déchets industriels banals (métaux, mobilier, bois, plâtre), 14 % de déchets inertes (béton, briques), 10 % de déchets dangereux (amiantés), 3 % de déchets électriques et électroniques
2,2 M€ de budget dont 1,6 M€ pour le désamiantage

Robot télécommandé

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Une machine téléopérée en train de démolir une cloison de parpaings. Elle ne mettre que quelques dizaines de minutes à l'abattre et à la réduire en petits morceaux.

Gaines d'aération

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Deux ouvriers découpent avec précaution les gaines d'aération en inox.

Bacs séparés

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Les déchets électriques sont séparés en fonction de leur nature.

Câblages

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Les câblages sont récupérés et triés suivant leur composition.

Eclairages

Galeries Lafayette Belle Epine
Galeries Lafayette Belle Epine © Grégoire Noble
Selon la nature des sources lumineuses (tubes néon, ampoules), les déchets sont placés dans le bac ad hoc par l'ouvrier.