L'architecte américain vient d'inaugurer, à 140 km au nord de New York, un complexe culturel évoquant une sculpture avec ses voiles d'inox brossé qui rappelle son bâtiment le plus connu du grand public, le musée Gugghenheim de Bilbao. Détails.

Après les courbes de titane de Bilbao, celles en acier brossé du Richard B. Fisher Center, bientôt celles du Disney Theater de Los Angeles (ouverture prévue en octobre), et pourtant ces bâtiments s'inscrivent dans des lieux très différents. C'est désormais votre marque de fabrique?

L'ordinateur permet de faire exactement ce que l'on veut du métal, de créer une sculpture. Dans ce cas précis, il s'agissait d'habiller un théâtre, ce qui est fondamentalement une boîte, par laquelle on accède toujours du même côté, mais en l'intégrant au paysage, aux collines et aux arbres. Le Guggenheim ou Disney sont en ville. Ces voiles sont peut être devenues ma signature... Je ne peux pas être deux personnes différentes! Tous les immeubles de Mies Van der Rohe sont identifiables au premier coup d'oeil, je suppose que les miens le sont aussi!

En quoi le fait de construire pour une université a-t-il influencé votre travail ?

La taille d'abord. C'est un bâtiment plus convivial. L'avancée du toit est d'avantage un porche, comme celui d'une maison, où l'on peut se tenir et discuter, qu'un auvent de théâtre destiné à vous protéger le temps que votre limousine arrive. J'ai pu laisser apparents le béton du sol et des murs, et les poutres métalliques. Ca fait costaud, un peu brut. A Los Angeles, les donateurs (qui financent avec Disney la nouvelle salle de concert) veulent aussi un écrin pour paraître, ils veulent du decorum, ici ça n'a pas d'importance.

La salle principale du Richard B. Fisher Center est destinée à la musique, classique et moderne, à la danse, au théâtre... Comment satisfaire tous ces besoins ?

Les salles multifonctions sont difficiles à réaliser. La priorité, pour une salle destinée à accueillir du spectacle vivant, c'est bien sûr l'acoustique. Mon dessin a dû satisfaire les besoins de Yasuhisa Toyota (acousticien japonais qui a notamment travaillé sur la salle de concert de Sapporo, saluée par les chefs d'orchestre, et le futur théâtre Disney, ndlr). J'en serais bien resté à une boîte... mais il a fallu incurver les murs. L'épaisseur des boiseries des balcons, les arabesques de bois sur les murs de béton... c'est pour répondre à ses exigences.

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