Sur fond de flambée du prix de baril, la France lance un programme de renouvellement du parc des centrales nucléaires avec l’annonce par EDF de l'implantation d'un réacteur EPR de troisième génération sur le site de Flamanville, dans la Manche.

Avec trois mois de retard sur le calendrier fixé par le ministre de l'Economie Nicolas Sarkozy, le conseil d'administration du groupe public présidé par Pierre Gadonneix a déterminé l’emplacement du réacteur nucléaire de troisième génération, EPR (European Pressurised water reactor).
Le choix s’est porté sur le site de Flamanville, dans la Manche, les deux autres candidats étant Tricastin (Drôme) et Penly (Seine-maritime).
Les autorités locales se sont félicité de ce choix. Dans cette région du Nord-Cotentin où le taux de chômage est de 13%, l'implantation d'ici deux ans du réacteur EPR va offrir près de 2.000 emplois pendant toute la période de construction.

L'Autorité de sûreté du nucléaire avait validé le 5 octobre le projet EPR en considérant qu'il présentait des avancées significatives par rapport aux réacteurs actuels en terme de sécurité, de compétitivité, de diminution des déchets et d'optimisation de la radioprotection des employés.
L'EPR est destiné à prendre le relais des 58 réacteurs qui équipent actuellement les 19 centrales nucléaires françaises. Les principales évolutions concernent la sécurité, avec notamment une nouvelle enceinte de confinement du coeur du réacteur, composée de deux murs de béton de 1,30 mètre d'épaisseur chacun. Cette double barrière doit protéger autant le réacteur des agressions extérieures que l'environnement en cas d'accident à l'intérieur. Avant même avant le 11 septembre 2001, les autorités de sûreté allemandes avaient demandé que l'enceinte puisse résister à l'impact d'un avion militaire biréacteur, de type F4 Phantom, volant à haute vitesse !

EDF sera maître d'oeuvre de la construction entière de la centrale, tandis qu'Areva fournira la chaudière nucléaire.
Si le prototype, dont la construction devrait débuter en 2007 pour une mise en service à l'horizon 2011, est conforme aux attentes, EDF devrait lancer d'ici 2015 la construction d'une dizaine de réacteurs EPR pour qu'ils soient opérationnels en 2020, au moment où les centrales actuelles devront être démantelées.

Avec ce choix, la France marque clairement sa volonté d’imposer le nucléaire comme la première alternative au pétrole. Un choix qui suscite forcément la polémique. Le réseau Sortir du Nucléaire - qui estime que "le réacteur EPR n'offre pas plus de garantie de sûreté que les réacteurs actuels par rapport au risque terroriste" fait remarquer que le choix de Flamanville exigera "la construction de quelque 120 km de lignes à haute tension supplémentaires".

De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) - qui prône pour une politique énergétique diversifiée - souhaiterait une mobilisation aussi forte du gouvernement en faveur des énergies vertes. "Sans cette diversification, notre pays risquerait de s’isoler de ses voisins européens qui développent d’autres formes industrielles de production d’énergie" indique André Antolini, le président du SER.
Pour argumenter ses propos, André Antolini cite un rapport du Boston Consulting Group publié cet été qui indique que le Royaume-Unis, qui n’est pourtant pas le leader européen des énergies renouvelables, a ainsi dépensé 4,5 fois plus que le France pour la recherche dans la filière éolienne entre 1992 et 2002.

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