HABITAT. Le cycle de tables-rondes initié par la ministre du Logement touche à sa fin. Lors des six débats organisés au ministère de la Transition écologique, les échanges ont souvent porté sur les problématiques foncières, et la façon de l'économiser sans renchérir encore le logement.

Le cycle de tables-rondes Habiter la France de demain, voulu et mené par la ministre chargée du Logement Emmanuelle Wargon, touche à sa fin avec, le 14 octobre, une ultime séance qui sera celle des restitutions - mais aussi des annonces. Après une série de rencontres centrées sur l'objet logement (sa qualité, son adaptabilité), une séance sur le logement social et la mixité, les dernières séances ont eu plus trait à l'urbanisme et aux stratégies d'aménagement. Un sujet est revenu à chaque séance : le foncier, très largement considéré comme la cause principale de l'explosion des coûts et donc des prix de sortie des logements.

 

 

 

Le foncier sera, a assuré la ministre dès la quatrième table-ronde, mi-septembre, "l'un des sujets qui ressortiront de nos discussions". D'après les informations de Batiactu, une dizaine de pistes pourraient être présentées par la ministre jeudi prochain, dont une seule est connue avec certitude : la mise sous conditions de l'avantage fiscal Pinel au respect du référentiel de qualité du logement présenté lors de la première table-ronde par Laurent Girometti et François Leclercq, respectivement directeur général d'Epamarne et architecte urbaniste.

 

Apporter des contreparties à la densité

 

Le foncier, donc, serait la pierre d'achoppement de toutes les politiques visant à améliorer l'accès des Français à un logement qui leur apporte satisfaction. "Difficulté majeure" des promoteurs, l'augmentation de son coût les a amenés à diminuer la taille des logements. Un problème de modèle économique se pose, qui peut être résolu, ont estimé plusieurs intervenants, par des initiatives telles que le bail réel solidaire, qui permet de garder une maîtrise publique du foncier, ou le fait de construire un ou plusieurs logements supplémentaires sur des parcelles pavillonnaires.

 

 

 

La problématique foncière, surtout dans le contexte de réduction de l'artificialisation, emporte celle de la densité. Les élus locaux ont insisté sur le fait qu'en réunion publique, le mot densité "est un gros mot". Pour le maire de Laval (Mayenne), Florient Bercault, élu en 2020, les citoyens ont cependant "des demandes contradictoires", entre proximité des services et des commerces, et envie d'espace. Pour lui la solution réside dans le fait d'"apporter des contreparties à la densité", par exemple en termes de qualité des espaces publics. Ce qui "pousse les élus à innover".

 

L'habitat dense, plus cher pour le constructeur, plus économique pour la collectivité ?

 

Pour Grégory Monod, président du Pole Habitat FFB, la densité doit être pensée sur l'ensemble du territoire, et ne doit pas être réservée aux zones urbaines. Les constructeurs rencontrent, selon lui, "des freins pour densifier des zones d'habitat individuel qui pourraient l'être", avec des réglementations locales qui "brident" volontairement l'acte de construire dans certaines zones détendues.

 

 

 

Le promoteur affirme en outre que construire dense implique des surcoûts qui font que "plus on construit dense, plus on construit cher". En effet, le gain au travers des volumes serait contrecarré par les taxes, la réglementation, les frais financiers... "Au mètre carré, la maison individuelle est l'habitat le moins cher aujourd'hui", avance-t-il. Une affirmation vite nuancée par les autres intervenants, qui ont rappelé, lors du sixième et dernier débat, le 5 octobre, que le modèle pavillonnaire était largement plus coûteux du point de vue de la collectivité, en termes de réseaux, notamment, mais aussi en termes de perte de lien social.

 

"On a du travail devant nous"

 

En conclusion de ces tables-rondes, Emmanuelle Wargon a relevé le "basculement de modèle" auquel on assiste en matière d'aménagement du territoire autant que de modes d'habiter. La question, pour la ministre, est de savoir "comment proposer un mode de vie de qualité et durable partout en France et à toutes les échelles ? Car la qualité de vie on la recherche partout. Tout le monde n'a pas les mêmes attentes partout mais il y a un socle de besoins fondamentaux à satisfaire"."Nous avons des éléments pour rendre la ville désirable, mais on a du travail devant nous", a-t-elle lancé. Rendez-vous le 14 octobre pour la restitution des débats.

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