La remontée du chômage, la fin programmée des emplois Aubry et le changement de majorité ont conduit le gouvernement à prévoir de nouvelles aides, en direction du privé cette fois.

François Fillon, le ministre des Affaires Sociales, vient de lancer la campagne d'information " contrats jeunes en entreprises ". Ce nouveau dispositif, applicable rétroactivement au 1er juillet dernier, doit permettre de limiter les dégâts provoqués par la mort programmée des premiers emplois Aubry, la remontée du chômage et les annonces de plans sociaux à venir.

En effet, le gros souci du gouvernement est de trouver une porte de sortie honorable aux 220.000 emplois jeunes Aubry encore en poste dans la fonction publique, les administration locales et les associations.

" La situation s'est, en effet, fortement dégradée depuis un an. La chômage des jeunes s'est accru de 15% entre mai 2001 et mai 2002, alors que pour l'ensemble des demandeurs d'emploi la hausse s'est établie à 8% ", expliquait justement le ministre aux sénateurs le 17 juillet dernier. Le nouveau plan de bataille contre le chômage des jeunes du gouvernement est directement orienté vers ceux dont la position sur le marché du travail est la plus fragile, à savoir les moins, ou pas du tout, diplômés.

La loi du 29 août 2002, créant un " dispositif de soutien à l'emploi des jeunes en entreprises ", est orientée en direction des entreprises privées, ce qui constitue la première, et notable, différence entre le plan de la Gauche et celui de la nouvelle majorité. Autre différence, les emplois jeunes Aubry avait une durée de cinq ans, les nouveaux de trois ans.

Plus précisément, il s'agit de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes âgés de 16 à 22 ans révolus, ayant un niveau de formation inférieur au baccalauréat ou diplôme de fin de second cycle long de l'enseignement technologique ou professionnel, notamment les Bac Pro. Le jeune sera embauché en contrat à durée indéterminé, qu'il soit à temps complet ou partiel, et rémunéré au minimum au Smic. Il pourra bénéficier d'un plan de formation de l'entreprise ou rompre son contrat à tout moment et sans préavis pour suivre une formation. " La limite supérieure, fixée à 22 ans, vise quant à elle à toucher les cohortes les plus importantes dans le chômage des moins de 25 ans, puisque 40% ont entre 21 et 22 ans ", indiquait François Fillon.

De leur côté, les entreprises seront exonérées de charges sociales à 100% les deux premières années, et à 50% la troisième. Elles recevront également une aide publique, allant progressivement de 225 euro à 292,5 euro. Toujours dans son discours aux sénateurs du 17 juillet dernier, François Fillon présentait en ces termes le mécanisme de soutien aux entreprises. " L'aide de l'Etat compensera les charges patronales, représentant le surcoût lié pour l'entreprise à l'embauche du jeune. Au niveau du Smic, cette aide prévue sur trois ans, dégressive la troisième année, représentera 2.700 euro par an en plus des allégements généraux de charges existants. Elle aboutira à supprimer 45 points de cotisations patronales jusqu'à 1,3 Smic. C'est donc une incitation forte pour l'entreprise, en même temps qu'une opportunité pour rajeunir ses effectifs et anticiper le cas échéant des difficultés de recrutement ".

Les perspectives de gouvernement sont ambitieuses, et clairement calées sur celles des départs Aubry : " en phase de maturité, c'est à dire d'ici à deux ans, ce 'contrat jeune en entreprise' pourrait concerner près de 200.000 jeunes ".

Mais le degré de non-qualification requis pour profiter de ces contrats, comme l'orientation vers le privé et la possibilité de suivre une formation, laisse présager comme cible essentielle les PME du bâtiments et de l'artisanat, ce qui ne correspond pas aux emplois d'aides éducateurs ou dans le milieu associatif amenés à disparaître. Hier soir sur France2, Jean-Louis Borloo précisait justement que son nouveau plan de bataille pour " la réhabilitation du logement en France nécessiterait la création de quelque 60.000 emplois par an dans le secteur de la construction ".

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