A dix jours du scrutin pour désigner les députés qui représenteront la France au Parlement de Strasbourg, deux enquêtes révèlent le regard critique que portent les professionnels sur l'Union européenne. Euro, travail détaché, normes et réglementations… artisans et TPE expriment leur mécontentement. Détails.

Les artisans seront 66% à se rendre aux urnes dimanche 25 mai prochain, à l'occasion des élections européennes. Soit un taux supérieur à celui de la participation globale attendue pour ce scrutin. Mais paradoxalement, ils se montrent plutôt "eurosceptiques" : 53% des artisans interrogés pour l'enquête UPA/I+C* estiment que l'UE ne contribue pas à la prospérité de la France ; 54% d'entre eux jugent que l'UE n'est pas une bonne chose pour eux ; 62% pensent qu'elle l'est encore moins pour leur entreprise ; 66% déclarent que les réponses aux difficultés économiques doivent plutôt venir du niveau national. Pour eux, l'urgence est de s'atteler à l'harmonisation fiscale et sociale entre tous les Etats membres et à la réduction des dépenses publiques.

 

Le travail détaché en ligne de mire
C'est pourquoi l'Union professionnelle artisanale fixe trois priorités aux politiques européennes : réduire et harmoniser les prélèvements fiscaux et sociaux, avec pour objectif d'éradiquer le dumping social à l'intérieur de l'Europe. En ligne de mire, la Directive Détachement en cours d'adoption définitive par Bruxelles, qui "protège insuffisamment les entreprises", estime l'UPA. Même constat du côté des TPE du secteur du BTP interrogées par l'Ifop pour le compte de Fiducial**. D'après ce baromètre, une TPE sur cinq aurait subi la concurrence d'entreprises ayant recours à des salariés détachés d'autres Etats de l'UE.

 

Trop de règles et de normes inadaptées
Autre priorité de l'UPA : imposer la prise en compte systématique des spécificités de l'artisanat et du commerce de proximité dans l'élaboration des normes et réglementations européennes. Egalement un sujet de crispation pour les TPE qui considèrent, à 71%, que l'UE élabore trop de règles et de normes inadaptées. Enfin, l'organisation patronale désire que soit engagée une politique de soutien à la formation des jeunes et à l'apprentissage au profit de l'emploi.

 

Toutefois, tous ne jugent pas l'Europe inefficace sur le plan économique, les TPE restant relativement assez "europhiles", indique le baromètre Ifop/Fiducial. En tête des acquis auxquels elles demeurent attachées : l'euro. Ainsi 80% des TPE interrogées se disent défavorables au retour du franc, 59% d'entre elles prônant même la création d'une Europe fédérale…

 


Méthodologie
*Enquête réalisée à la demande de l'UPA par l'Institut I+C dans la première quinzaine du mois d'avril 2014 auprès d'un échantillon représentatif de 4.700 entreprises de l'artisanat et du commerce de proximité.
**Enquête menée par l'Ifop pour le compte de Fiducial et réalisée par téléphone du 7 au 22 avril auprès d'un échantillon représentatif de 1.002 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés.

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