Sans tambour ni trompette, l'euro a commencé à prendre la place de notre désormais vieux franc. Selon les premiers chiffres disponibles, il semble que la nouvelle monnaie européenne a été bien adoptée par la majorité des consommateurs concernés. Dans le secteur de construction, ce passage historique s'est également effectué en douceur.

Depuis le 1er janvier, l'euro est définitivement devenue la monnaie de référence de plus de 300 millions d'européens, qui peuvent dorénavant utiliser cette monnaie sous toute ses formes.

Il semble que l'enthousiasme que les Français ont montré lors de la mise à disposition des kits euro, le 14 décembre dernier s'est confirmé mardi. En effet, ainsi que le précise le Groupement des cartes bancaires, "2 188 260 retraits en euros par carte ont été effectués dès le 1er janvier, pour un montant de 179,6 millions d'euros", soit un retrait moyen de 82 euros. Il s'agit d'un nombre "trois fois supérieur à celui d'un 1er janvier ordinaire et à peu près analogue à celui d'un jour normal".

Les membres du gouvernement et le Premier ministre ont tenu à faire leurs premiers achats en euros dès mardi. Ainsi, Lionel Jospin qui s'est rendu dans le XVIIIème arrondissement de Paris a souligné "l'événement historique" et l'enjeu pour l'Union : "C'est notre monnaie et c'est elle qui va être un symbole d'unité de l'Europe et de puissance".

Jeudi, à la sortie du Conseil des ministres, Laurent Fabius, le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie a indiqué que "le début du passage à l'euro s'est de l'avis général bien déroulé". Il a notamment tenu à souligner "le bon climat dans lequel s'est déroulé ce passage qui est d'ores et déjà un succès".

Au total 6,7 milliards de pièces et 580 millions de billets ont été mis en place dans l'économie avant le 1er janvier 2002. Dès le soir du 2 janvier, plus de 95 % des distributeurs de billets avaient basculé en euros. Au total sur les deux premiers jours, plus de 5 millions de retraits ont été effectués pour un montant de plus de 400 millions d'euros indique le gouvernement.

Si Laurent Fabius a jugé que "les premiers chiffres disponibles concernant les pièces et les billets en euros sont positifs", il a rappelé que "nous ne sommes cependant qu'au troisième jour d'une période au cours de laquelle l'ensemble du passage à l'euro et du retrait du franc doit être réalisé ".

"La bonne coopération de tous les acteurs doit donc se poursuivre et la vigilance, notamment sur les prix, devra continuer de s'exercer afin d'assurer une réussite complète de cette réforme monétaire et économique majeure" a conclu le ministre des Finances.

Dans le secteur de la construction, il semble que les entreprises, grandes comme petites, n'ont rencontré aucun obstacles majeurs. A la FFB, deux jours après ce passage historique, on indique même n'avoir reçu aucun appel concernant des problèmes liés à l'euro !

Chez les négociants, on profite de la traditionnelle baisse de l'activité liée aux vacances de Noël pour apprendre à gérer les deux monnaies. " Nous n'avons rencontré aucun problème de taille lié au passage à l'euro " explique-t-on à l'agence Point P de Caen. " Les comptes sont naturellement basculés en euros, mais il est vrai que nous avons eu beaucoup d'encaissement en francs sous la forme de liquide ".

Pour les négociants habitués à travailler avec des moyennes et grosses entreprises, la situation est encore plus simple car la plupart des transactions se réalisent à travers des comptes. " Pour nous, tout s'est passé très naturellement , il faut dire que nous avions déjà passé tous nos prix en euros depuis le 1er décembre" explique François Audouze, pdg d'Isopar, un important négociant spécialisé dans les matériaux d'isolation et de plâtrerie. " En fait, la comptabilité n'est plus un problème. C'est surtout sur les points les moins apparents, comme l'archivage ou les statistiques clients, où nous risquons d'avoir quelques soucis et beaucoup de travail supplémentaire " précise-t-il.

Beaucoup de travail supplémentaire et des habitudes à changer car il va falloir se trouver de nouveaux points de repères, tant pour les fournitures que pour les devis. D'ailleurs, à votre avis, quel est le prix moyen, en euros évidemment, d'une plaque de plâtre BA 13 ? Réponse : environ 9,40 euros. Mais euros ou francs, les négociations restent toujours possibles.

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