De la poussière d'une cimenterie désaffectée à Castellammare di Stabia, près de Pompéi, est né un hôtel quatre étoiles symbole des efforts de reconversion de la baie de Naples.

Adossé à la route côtière menant de Naples à Sorrente, l'hôtel a conservé les volumes atypiques de l'édifice d'origine, construit en 1946 sans pitié pour le paysage pour exploiter une carrière et en expédier le produit par bateaux.
Mais à la place du squelette de béton gris défigurant le bord de mer depuis les années 70, date d'abandon du site, brille maintenant l'enseigne d'une grande chaîne hôtelière internationale, Crowne Plaza.

La destin de cet établissement, ouvert le 14 juin, après des années de controverse, paraît d'autant plus inattendu que Castellammare, il y a encore dix ans, faisait parler d'elle presque tous les jours pour les règlements de comptes quasi quotidiens entre clans de la mafia napolitaine, la Camorra.
"Il y avait un mort par jour", exagère à peine Giacomo Guzzardi, qui dirige le nouvel hôtel, un oeil rivé sur les débuts de ses 90 employés, l'autre sur le chantier de finition des 150 chambres aménagées dans les trois ailes du site.

Les tours de l'ancien four, évoquant de l'extérieur un double château d'eau, abriteront une suite en forme de huit. Pour qui a jamais rêvé de dormir au sommet d'une cimenterie, il faudra compter entre 500 et 800 euros.
"C'est un hôtel un peu unique. Même s'il a rendu les investissements un peu plus onéreux, il est le symbole du passage d'une zone industrielle déprimée à une activité tertiaire dynamique. C'est la renaissance d'une ville", ajoute M. Guzzardi.

L'hôtel est le premier de plusieurs projets de reconversion intéressant six communes du pourtour de la baie de Naples, Castellammare, Boscoreale, Gragnano, Torre Annunziata, Torre del Greco et Santa Maria, marquées par l'industrie lourde et le chômage.

Le chantier a duré cinq ans et coûté environ 80 millions d'euros, selon l'architecte vénitien Roberto Canovaro, qui a signé la décoration pour le compte du groupe de construction vénitien Zacchello, propriétaire des lieux.

Si la silhouette de la cimenterie a été préservée, au prix d'acrobaties architecturales coûteuses, comme la création de balcons en trompe l'oeil dans les chambres ou la construction de ses 16 ascenseurs, ce n'est pas par amour du style post-industriel de cet hôtel avec piscine et ponton privé.
"Le mécanisme est un peu byzantin. Comme toute la côte est protégée par une interdiction générale de construire, le site a été classée comme patrimoine archéologique industriel afin de pouvoir le transformer", explique l'architecte.

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