Alors que le protocole de Kyoto vient d’être sauvé de justesse avec la ratification de ce texte par la Russie, force est de constater que ce sauvetage aura un impact infime sur le climat. Selon une étude de Météo France, la canicule de 2003 pourrait être perçue comme "un été froid" à l'horizon 2070-2100.

C’est un "ouf" de soulagement que peuvent pousser les négociateurs de l’ONU à Buenos Aires avec le feu vert donné par le président russe Vladimir Poutine. Le protocole, conclu en 1997, était en effet suspendu au bon vouloir russe depuis le retrait des Etats-Unis en 2001, du fait de ses règles spécifiques de ratification.
Rappelons que ce protocole impose aux pays industriels de réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre, CO2 notamment, de 5,2% en moyenne d'ici 2012 par rapport au niveau de 1990. Son entrée en vigueur le 16 février prochain va contraindre les pays riches qui l'ont ratifié à diminuer en catastrophe des rejets qui entre-temps se sont envolés, comme au Canada (+20%) ou au Japon (+12%).
Même si elles sont appliquées, ces mesures ne suffiront pas. Selon les experts, une diminution de moitié des émissions mondiales serait nécessaire d'ici 2050 pour limiter le réchauffement mondial à 2 degrés supplémentaires à la fin du siècle.
Par ailleurs, les Etats-Unis - premier pollueur planétaire avec le quart des émissions de CO2 - refusent toujours de ratifier cet accord, préférant miser sur les percées technologiques. Autre source d’inquiétude, les pays en développement - qui n'ont actuellement sous le régime de Kyoto que des obligations d'inventaire - dépasseront les émissions des pays industriels vers 2025, annonce l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Avec ou sans les Etats-Unis et les pays du sud, Kyoto arrive de toute façon en retard et le changement climatique pourra être ralenti, mais certainement pas stoppé.
Météo France s’est livré à un exercice prospectif des plus angoissants. Si la concentration de gaz émis par les activités humaines continue d'augmenter dans l'atmosphère, la France risque de se réchauffer davantage que la fourchette moyenne retenue par les experts de l'ONU pour la surface du globe (1,4 à 5,8 degrés d'ici la fin du siècle).
Selon Météo France, le thermomètre pourrait gagner 4 à 7 degrés l'été à l'aube (minimales diurnes) et 2 à 4 degrés l'hiver dans l'après-midi (maximales diurnes). A titre de comparaison, pendant l'été caniculaire de l'été 2003 - qui a fait 15.000 morts dans l'Hexagone - les températures moyennes étaient supérieures de 4,3 degrés aux normales saisonnières en France. La canicule a fait 15.000 morts dans l'Hexagone.
"A la fin du siècle, si un été caniculaire comme celui de 2003 arrivait, on appellerait ça un été froid", estime Michel Dequé, un expert du centre de recherche Météo France cité par l’AFP. "On aura dix fois plus de chances, un jour d'été quelconque, pris au hasard, de dépasser le seuil de 35 degrés", ajoute-t-il.

Cette fourchette de +4 à +7 degrés l'été est une moyenne mais elle signifie que dans certaines régions, le thermomètre grimpera de 9, voire 10 degrés l'été. En montagne, les étés seront nettement moins frais, conséquence de la baisse de l'enneigement l'hiver.
Les hivers seront plus doux et pluvieux, surtout au Nord. "Le régime des pluies pourrait être changé", relève M. Dequé. "Il ne pleuvra pas forcément plus souvent, mais à chaque fois qu'il pleuvra, cela pourrait être plus intense", entraînant un risque d'inondation accru de certains fleuves.
Ces précipitations ne suffiront pas à compenser la sécheresse accrue l'été qui pourrait concerner le Sud de la France, mais aussi "tous les pays du bassin méditerranéen".

Ce scénario se fonde sur un triplement des concentrations de CO2 par rapport à l'ère pré-industrielle, du fait des rejets polluants des activités humaines. Rappelons par ailleurs que la température moyenne de la France a gagné environ 1 degré depuis 1860 (+0,6 degré pour la planète), du fait de l'augmentation des gaz à effet de serre. Ceux-ci ont déjà grimpé de 280 ppm (parties par million) à 360 ppm en l'espace de 150 ans (entre 1850 et 2000), alors que leur concentration était restée inférieure à 300 ppm pendant au moins 500.000 ans.

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