ÉCONOMIE. La période estivale a confirmé le dynamisme de l'entrepreneuriat mais aussi l'explosion des radiations de sociétés, indique le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce. La construction est impactée dans une moindre mesure que d'autres secteurs d'activité.

Situation contrastée pour les entreprises françaises au cours de cet été. Le troisième trimestre 2021 a effectivement été marqué par 124.498 nouvelles immatriculations au Registre du commerce et des sociétés, ce qui représente une progression de 6% en comparaison à la même période un an plus tôt, et même de 24% par rapport au 3e trimestre 2019. "Dans le même temps, l'attentisme est de mise pour les ouvertures de procédures collectives", note le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce dans un baromètre réalisé en partenariat avec le cabinet Xerfi. Ces dernières se sont élevées à 4.721 entre le 1er juillet et le 30 septembre derniers, soit une chute de 18% sur un an et même de 46% sur 24 mois.

 

"Une 'normalisation' des défaillances semble tout de même inéluctable"

 

En revanche, la justice appelle à la plus grande prudence sur l'hypothétique vague de faillites, maintes fois annoncée et pour l'instant toujours pas arrivée : "Une 'normalisation' des défaillances semble tout de même inéluctable en particulier au regard de l'afflux des nouvelles immatriculations renforçant la concurrence des marchés et dont le turn-over est structurellement plus élevé", poursuivent les greffiers. Et pendant ce temps, les radiations d'entreprises ont atteint un record historique : 73.541 sociétés ont vu leur nom rayé du Registre du commerce cet été, ce qui représente une escalade de 22% à un an d'intervalle, et de 21% à deux ans d'intervalle. Si la tendance actuelle se confirme jusqu'au 31 décembre prochain, "c'est près de 300.000 entreprises qui auront été radiées sur l'ensemble de l'année 2021", prévient l'étude.

 

Qui ajoute : "Déjà révélé lors du premier semestre, le phénomène des dirigeants d'entreprises préférant mettre la clé sous la porte et se réinventer sur un créneau plus porteur, plutôt que d'être confrontés à des problèmes d'insolvabilité, semble se poursuivre ce trimestre", citant un bond de 23% des radiations volontaires (30.812) sur un an. Les radiations d'office, elles, se sont au contraire rétractées de 14% (12.419), quand les radiations dues à une procédure collective ont grimpé de 49% (28.046).

 

Bâtiment et travaux publics sont les seuls à sortir la tête de l'eau

 

Le baromètre souligne en outre une baisse d'un an et 10 mois de l'âge moyen des entreprises ayant disparu entre le 1er juillet et le 30 septembre, faisant tomber cette moyenne à 10 ans et demi. Comme souvent, la situation varie fortement d'un secteur d'activité à l'autre. Au moment de leur fermeture, les entreprises de la construction avaient en moyenne 10,3 ans, soit un mois de gagné en un an d'intervalle. Les sociétés évoluant dans les activités immobilières affichent pour leur part une moyenne d'âge de 17,4 ans, ce qui représente cette fois une dégringolade d'1,2 an depuis l'été 2020. Autrement dit, le bâtiment et les travaux publics parviennent à pérenniser la durée de vie de leurs entreprises, ce qui ne semble pas être le cas de l'immobilier.

 

"La progression des radiations d'entreprises au 3e trimestre 2021 s'observe dans tous les secteurs de l'économie à l'exception de la construction", soulignent les tribunaux de commerce. Les radiations de sociétés du BTP ont reculé de 3% durant l'été, bien que le rythme annuel du phénomène augmente tout de même de 5% dans le secteur. Dans l'immobilier, la période juillet-septembre a fait progresser les radiations de 3%, qui s'établissent sur un an à +8%.

 

 

Un phénomène très disparate selon la région

 

Enfin, sur le plan géographique, "la France semble divisée en trois zones au 3e trimestre 2021", souligne le baromètre. D'une manière générale, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest bénéficient d'une "forte progression du nombre de fermetures à un an d'intervalle", la Corse et la Bretagne étant les plus mal loties avec des variations qui dépassent même les 100%. Le Centre, les Hauts-de-France et l'Est du pays subissent des hausses plus modestes, quand les régions Pays de la Loire, Grand Est et Île-de-France se démarquent grâce à un recul du nombre de radiations, avec respectivement -19,2%, -16,8% et -9%.

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