Les énergies renouvelables ont bien progressé en 2016, en termes de capacités installées, mais les investissements ont baissé dans des proportions similaires. Comment expliquer cet écart entre les deux courbes ? Une étude du Plan des Nations Unis pour l'Energie et Bloomberg New Energy Finance apporte des réponses.

L'année 2016 a bien été une année record en termes de raccordements d'énergies renouvelables. L'Agence internationale des EnR (Irena) annonçait récemment que les puissances avaient progressé de près de +9 %. De leur côté, le Plan des Nations Unies pour l'Energie (PNUE) et Bloomberg New Energy Finance avancent même le chiffre de +19 %, avec plus de 138 GW de capacités nouvelles. Cependant, dans le même temps, les investissements ont diminué de -18 %, à 270 Mrds €. Il s'agit de la première baisse enregistrée de ces montants depuis 2013.

 

 

Les analystes expliquent que cet écart a deux raisons : tout d'abord la diminution drastique des prix des technologies, qu'il s'agisse d'éolien ou de photovoltaïque. Outre les économies d'échelles et les améliorations dans la capacité de production industrielle, les conditions de financement plus favorables ont également aidé. Désormais, "l'éolien et le solaire sont plus compétitifs que le charbon ou le gaz - voire les deux - en termes de coûts dans un nombre croissant de pays", note Bloomberg New Energy Finance. Des projets ont ainsi été réalisés à des prix extrêmement bas, de l'ordre de 28 €/kWh, au Chili (solaire) et au Maroc (éolien). Le prix moyen s'établit en général à 64 €/kWh pour l'éolien terrestre et 95 €/kWh pour le solaire photovoltaïque (sans stockage), des coûts en baisse de -18 %. Les experts de Bloomberg estiment également que nombre de projets ayant vu le jour en 2016 avaient été financés en 2015.

 

La Chine donne le tempo

 

 

Pour autant, la baisse des investissements traduit également un ralentissement dans la zone Asie, le cœur de l'activité des énergies renouvelables. En Chine, premier marché mondial, la demande d'électricité a stagné, entraînant une diminution des dépenses de -26 %, à 82,7 Mrds €. Au Japon, la baisse a été encore plus drastique : -43 % à 21,5 Mrds €. Même aux Etats-Unis, une légère décroissance a été enregistrée en 2016, de -7 % à 55,2 Mrds €. Seule l'Europe a poursuivi ses investissements, de façon modérée (+3 %), "en partie grâce à la ferme éolienne Fosen en Norvège", un projet à 1,22 Mrd €. L'éolien offshore mondial, notamment, a fortement progressé, pour atteindre un niveau record de 28,2 Mrds € (+40 %). Le projet britannique géant "Hornsea", en mer du Nord (1,2 GW) y a largement contribué, tout comme 14 autres fermes de plus de 100 MW de puissance au large d'Allemagne, de Belgique, du Danemark ou de Chine.

 

Les autres énergies renouvelables en revanche, géothermie, biomasse ou solaire thermique, ont fait "peu de progrès" en 2016, selon le rapport. Plus inquiétant, le niveau actuel d'investissements serait largement insuffisant pour tenir les engagements de lutte contre le réchauffement global : plus de 450 Mrds € par an seraient nécessaires. Les analystes concluent : "Les porteurs de projets planifient 134 GW de puissances éolienne et solaire supplémentaires en 2017, en raison de l'accroissement de la demande en Inde, au Moyen-Orient et en Amérique du sud qui contrebalanceront le ralentissement chinois". Les investissements devraient se situer au niveau de 2016. Mais les experts notent que "l'éolien et le solaire restent vulnérables aux changements défavorables de politiques ou aux mesures mises en place pour soutenir le charbon et le gaz", allusions aux récentes décisions de la Maison Blanche. Une remontée des taux d'intérêts pourrait également remettre en jeu la rentabilité de certains projets.

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